Servat Véronique
Historienne
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- Bazar pop : Des objets pour une histoire des musiques populaires
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Mathilde Larrère a convoqué pour la première fois l' autrice d’une thèse sur les Inrockuptibles, un livre sur les objets du rock.et qui pourra nous raconter ce qui s’est passé pour que la Une du Parisien donne l'un des célèbres autocollants de Au poste, « 200 Punks attaquent la police ». Du Passé faisons table basse et avant la musique!
Véronique Servat est une historienne et enseignante , militante, mélomane. Une vie au croisement des riffs électriques, des cahiers d’élèves et des archives. Elle ne dissocie pas le son du sens, ni la salle des profs des luttes sociales. Servat, c’est la basse continue d’une histoire populaire, jouée fort, dans les marges, sans souci des convenances.
Elle commence là où l’État envoie ses soldats pédagogiques : la Seine-Saint-Denis. Montreuil, Aulnay, ces noms ne sont pas des lignes sur une carte mais des expériences humaines, sociales, vibrantes. Pendant près de trente ans, elle y enseigne l’histoire-géo. Ce qu’elle y vit, ce qu’elle y voit, façonne tout le reste : la recherche, les colères, les prises de parole. Elle n’est pas une historienne qui descend dans la rue de temps en temps : elle est de la rue, des couloirs, de la classe. Et ça s’entend.
Puis elle pousse plus loin. Thèse en poche, soutenue à Paris 1, elle accorde ses passions : « Les Inrockuptibles, 1984-2010 ». Pas une monographie de plus. Une plongée dans le bruissement d’un journal qui a, un temps, donné le ton de la critique musicale et de la contre-culture. Un objet social, politique, intime aussi. Car derrière la presse, il y a les médiations : qui parle ? pour qui ? avec quelles références ? avec quel silence en fond ?
Servat ne fait pas de l’histoire froide. Elle écrit à chaud. En 2024, elle sort Bazar Pop aux éditions du Détour : un livre d’histoire culturelle qui parle d’objets des cassettes, des T-shirts, des platines, des écouteurs. Mais surtout, un livre qui parle de nous. De comment on écoute. De comment on s’identifie. De comment on résiste, parfois, avec un simple refrain dans l’oreille.
Et quand elle chante, ce n’est pas seule : En Lutte !, carnet de chants coécrit avec plusieurs complices, c’est 25 morceaux de barricade, 25 échos de résistances passées et présentes. De la Commune au féminisme, du syndicalisme à la désobéissance. Car l’histoire, c’est aussi une chanson qu’on reprend à tue-tête sur un piquet de grève.
Elle co-anime aussi Histgeobox, un blog qui fait danser la pédagogie : chaque billet est une piste entre musique et événement, entre analyse textuelle et récit engagé. Des fiches pour enseigner autrement, des clés pour ouvrir la classe aux sons du monde.
Et puis, il y a ce combat plus personnel, mais tout aussi politique : celui pour une école inclusive, où les enseignants en situation de handicap ne sont pas traités comme des variables d’ajustement. Sourde, Véronique a dû se battre contre l’hostilité d’un système qui exclut celles et ceux qui ne rentrent pas dans ses cases. Ses billets sur Mediapart en disent long sur la violence institutionnelle et sur sa force à elle.
Aujourd’hui, Véronique Servat trace une ligne claire entre ses engagements : faire de l’histoire une musique sociale, faire de la pédagogie un acte politique, faire des luttes un chœur.
On pourrait dire qu’elle fait de la recherche. Mais en vérité, elle sample les sons du réel. Elle scratch le roman national. Elle mixe savoirs et vécus. Et elle balance le tout, ampli à fond, pour qu'on écoute enfin ce que le système préfère taire.
Parutions
En lutte ! Carnet de chants
Avec Étienne Augris, Julien Blottière, Jean-Christophe Diedrich Éditions du Détour
29 septembre 202
Bazar pop : Des objets pour une histoire des musiques populaires
Éditions du Détour 3 octobre 2024