Bouchareb Rachid
Réalisateur, producteur
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A une semaine de la sortie de « Nos frangins », nous avions un débat public au Lieu Dit, QG des résistants de Ménilmontant avec l’équipe du film et son réalisateur Rachid Bouchareb (sélection Cannes 2022, consacré à la mort, le 6 décembre 1986, des mains de la police, de Malik Oussekine et à celle, la même nuit, des mêmes mains, mais oubliée depuis, d’Abdel Benyahia, dans un bar de Pantin.
Rachid Bouchareb : le cinéma comme mémoire vive
Rachid Bouchareb n’est pas un cinéaste du divertissement. Il est un homme de mémoire, un conteur d’histoire(s), un artisan de la conscience politique. Né le 1er septembre 1953 à Paris de parents algériens, il porte dans ses films la marque d’une double culture, celle du déracinement et du lien indéfectible à l’Algérie, celle aussi de la France qu’il interroge, défie et éclaire à travers une caméra sans compromis.
Il grandit à Bobigny et passe son CAP pour devenir mécanicien. Rattrapé par sa passion du cinéma, il décide d’intégrer le Centre d’Étude et de Recherche de l'Image et du Son.
Il débute sur les plateaux de tournage en tant qu'assistant à partir de 1977. Il conserve cette place jusqu'en 1984 et se sert de cette expérience enrichissante pour produire quelques courts-métrages. Aujourd’hui, après plus de quatre décennies, il a bâti une œuvre singulière et nécessaire, où l’intime rencontre toujours le politique.
Formé à l'Office national de radiodiffusion télévision française (ORTF), puis assistant réalisateur pour TF1, il commence sa carrière derrière la caméra dans les années 1980. En 1985, il réalise Bâton Rouge, road movie lumineux sur trois jeunes beurs en quête d’un ailleurs américain. Mais c’est avec Cheb (1991), portrait d’un jeune Franco-Algérien expulsé en Algérie, qu’il trouve sa voix propre : un regard lucide sur les fractures postcoloniales et l’identité éclatée.
Révélé au grand public avec Poussières de vie (1995), nommé à l’Oscar du meilleur film étranger, il s’impose surtout comme un auteur incontournable avec Indigènes (2006). Ce film-choc redonne chair et voix aux soldats nord-africains qui ont libéré la France en 1944. Un acte de reconnaissance tardive, mais puissant. Le film remporte un prix d’interprétation collectif à Cannes pour ses acteurs (Jamel Debbouze, Roschdy Zem, Sami Bouajila, Samy Naceri), et réveille une mémoire trop longtemps enfouie, jusqu’à faire plier le gouvernement français qui décide, sous la pression populaire, de revaloriser les pensions des anciens combattants coloniaux. Rare exemple où le cinéma change directement le cours du réel.
Avec Hors-la-loi (2010), sélectionné à Cannes, il s’aventure sur le terrain miné de la guerre d’Algérie. Le film, qui suit le destin de trois frères algériens en métropole, provoque un tollé chez certains politiques français. Mais fidèle à sa démarche, le cinéaste n’esquive rien : ni les zones d’ombre de l’Histoire, ni les violences commises de part et d’autre. Son cinéma agit alors comme une déflagration, un outil de justice poétique autant que politique.
Bouchareb ne se laisse pourtant pas enfermer dans un cinéma de mémoire ou de revendication. Avec London River (2009), il s’intéresse aux attentats de Londres à travers le regard croisé d’une mère anglaise et d’un père africain à la recherche de leurs enfants disparus. Plus intime, ce film témoigne de sa volonté de construire des ponts dans un monde fracturé. De même, La Voie de l’ennemi (2014), thriller situé aux États-Unis avec Forest Whitaker, montre l’élargissement de son regard, toujours habité par la question de l’altérité, de la rédemption et du pardon.
La force de son cinéma tient autant dans ses engagements que dans sa mise en scène rigoureuse, sans emphase. Il filme au plus près des visages, fouille les silences, privilégie la complexité à la caricature. Il appartient à cette génération d’auteurs qui conçoivent le cinéma comme un lieu de débat, d’éveil et de transmission. Co-fondateur de la société 3B Productions avec Jean Bréhat et Muriel Merlin, il s’est aussi fait passeur, accompagnant de jeunes talents du Maghreb ou de la diaspora.
Rachid Bouchareb, c’est enfin une œuvre en dialogue avec le temps, tendue vers la réconciliation sans jamais céder à l’oubli. À travers ses films, il nous rappelle que le passé est toujours présent, que les blessures mal refermées appellent à être racontées. Et que le cinéma, bien au-delà de la fiction, peut être un acte de vérité.
Filmographie
Longs métrages
Bâton Rouge (1985)
Cheb (1991)
Poussières de vie (Dust of Life, 1995)
Little Senegal (2001)
Indigènes (Days of Glory, 2006)
London River (2009)
Hors-la-loi (Outside the Law, 2010)
La Voie de l’ennemi (Two Men in Town, 2014)
Le Flic de Belleville (2018)
Nos Frangins (2022)
Téléfilms
Just Like a Woman (2012)
La Route d’Istanbul (2016)
Mon frère (2022)
Courts-métrages
La Pièce (1974)
Le Banc (1976)
La Chute (1979)
Plaine Africaine (1990)
Distinctions
Indigènes (2006) Prix d’interprétation masculine collectif au Festival de Cannes Nomination à l’Oscar du Meilleur film étranger
Poussières de vie (1995) Nomination à l’Oscar du Meilleur film étranger
Hors-la-loi (2010) Sélection officielle à Cannes Nomination à l’Oscar du Meilleur film étranger
London River (2009) Ours d’argent du meilleur acteur (Sotigui Kouyaté) à la Berlinale