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La « médiarchie » a remplacé la démocratie. Avec Yves Citton

La « médiarchie » a remplacé la démocratie. Avec Yves Citton

C’est une thèse aussi vertigineuse que lucide. Dans La Machine à Faire Gagner les Droites (AOC, 2025), Yves Citton démonte les engrenages invisibles d’un système qui pousse inexorablement nos sociétés à (extrême) droite toute ! Mais ici : pas question de fantasmer un grand complot, commode. Le cœur du problème, selon Citton : Nos médias, nos habitudes, nos infrastructures affectives, ce « ribosome politique » qui transforme l’information en propagande sans pilote, sans cockpit. Le règne des Médiarchies, qui supplantent la démocratie.

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Série
Invité(s)
Citton Yves
Durée
Date
11/06/25
  • Saison 09

« Une machine, ça fonctionne. C’est ça qui est effrayant. » Comment nos affects sont-ils manipulés, nos pensées orientées, nos colères recyclées ? Dans cet épisode d’Au Poste, Yves Citton, auteur de La machine à faire gagner les droites (Éditions AOC), démonte un à un les rouages invisibles d’un système médiatique devenu, selon lui, un agent autonome de glissement vers l’extrême droite. Une dérive sans pilote, sans complot, sans grand plan concerté. Simplement une mécanique, grippée de l’intérieur.

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« Ce qui me semble fondamental, c’est ce qui, à travers nous, contribue à faire gagner les droites », lâche Citton, dès les premières minutes. Tout est dit : ce n’est pas eux, c’est nous. Et c’est précisément ce « nous »  englué dans ses réflexes, ses désirs, sa consommation d’infos que le chercheur met à nu, avec douceur mais sans détour.

L’idéologie par inertie

Très vite, Citton clarifie une idée reçue : non, le cœur du problème n’est pas uniquement la concentration des médias entre les mains des Bolloré ou Murdoch. C’est une partie du problème. Mais réduire l’hégémonie des droites à quelques oligarques serait un écran de fumée. Le danger est plus profond, plus diffus. Il est structurel.

« Il faut sortir de l’obsession des intentions. Ce n’est pas une conspiration, c’est une configuration. » Ce que le livre décrit, c’est une sorte de ribosome politique, concept emprunté à la biologie, une machine vivante qui prend, transforme et recrache. En l’occurrence, elle ingère nos émotions, nos fragments d’opinions, nos indignations fugaces, pour produire une information qui n’a plus rien de neutre. Elle devient propagande.

Des affects comme monnaie

Ce que cette machine produit, ce sont des publics. Et ces publics ne sont pas constitués de citoyens désireux de comprendre, mais d’individus happés par la polarisation. À coups de notifications, de buzz, d’indignation rentable. L’économie de l’attention, chère à Citton, n’est plus une simple métaphore : c’est la réalité d’une guerre affective.

Le philosophe insiste sur le rôle des infrastructures, ces supports invisibles de diffusion  et sur leur pouvoir de répétition. L’un des moments les plus forts de l’échange survient lorsque Citton évoque les mécanismes de recomposition idéologique, « comme des ribosomes qui recodent sans cesse les mêmes slogans, sans qu’on sache vraiment qui les active ».

Et si les médias mainstream n’étaient plus dominés par des éditorialistes malveillants, mais par des logiques industrielles aveugles ? Là réside le renversement majeur proposé dans le livre.

Le tchat s’en mêle

Comme toujours dans Au Poste, le tchat n’est pas un simple décor. Il alimente la réflexion, appuie, tacle ou nuance. À un moment, Euryale remonte une remarque du tchat : « La vraie violence, c’est celle du désintérêt. » Un point que Citton ne conteste pas. Il acquiesce même : notre indifférence est aussi un carburant de la machine.

Conspirations, hallucinations et contre-machines

Dufresne pousse l'invité sur le terrain glissant de la conspiration. Et là encore, le professeur chercheur fait un pas de côté : « Il ne faut pas jeter le bébé conspirationniste avec l’eau du bain. » Il y a parfois, dit-il, des noyaux de vérité. Mais la pensée du complot échoue parce qu’elle projette une volonté là où il n’y a qu’un engrenage.

À ce stade, une respiration s’impose. Son livre n’est pas qu’un diagnostic. Il appelle à la résistance. Une résistance poétique, collective, technologique. « Des contre-machines. » Des ex machina pour reprendre la main, fabriquer d’autres récits, habiter autrement nos imaginaires. « J’espère qu’ici, nous sommes une contre-machine. » conclut David Dufresne.

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Qu’entend Yves Citton par “machine à faire gagner les droites” ?

Il ne s’agit pas d’un complot ourdi par quelques oligarques, mais d’un système médiatique et économique qui, par simple inertie, favorise les idées d’extrême droite. Une machine, au sens mécanique et impersonnel du terme, qui transforme nos émotions en contenus rentables, souvent réactionnaires, sans qu’aucun pilote ne soit aux commandes.

Citton dédouane-t-il les milliardaires qui possèdent les médias ?

Non. Il reconnaît que la concentration médiatique entre les mains de quelques puissants est un problème réel. Mais il insiste pour dire que ce n’est qu’un maillon de la chaîne, pas le cœur du système. L’essentiel se joue selon lui dans les infrastructures affectives et les logiques d’attention qui façonnent nos manières de recevoir, plus que d’analyser, l’information.

Pourquoi évoque-t-il le “ribosome” pour parler des médias ?

Citton utilise cette métaphore biologique pour désigner une fonction de reproduction. Comme le ribosome fabrique des protéines à partir d’un code génétique, les médias recodent sans cesse les mêmes récits, les mêmes colères, les mêmes figures. C’est une façon de dire que les idées circulent et se recomposent, au-delà des intentions conscientes des individus.

Comment résister à cette machine ?

En créant des contre-machines, des espaces de réflexion, d’entraide, de créativité, qui n’obéissent pas aux logiques marchandes ou virales. L’idée est de retrouver des formes d’expression poétiques, politiques ou techniques qui permettent d’habiter nos imaginaires autrement. Au Poste, dit Citton, en est une.

Quel rôle pour les citoyens dans ce système ?

Nous sommes co-responsables de la machine, dit Citton. Nos clics, nos partages, nos indignations même, alimentent le système qu’on prétend critiquer. Comprendre cela, c’est commencer à se réapproprier une part du pouvoir d’agir. Le livre invite donc à une forme d’auto-analyse collective, à mi-chemin entre la philosophie politique et l’écologie de l’attention.

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Cet article est le fruit d'un travail humain, d'une retranscription automatique de l'émission par notre AuBotPoste revue et corrigée par Rolland Grosso et la rédaction.

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