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Dans le business mondial du contrôle. Avec Mathieu Rigouste.

Dans le business mondial du contrôle. Avec Mathieu Rigouste.

Par trois fois, l’ami Mathieu Rigouste s’est fait accréditer comme journaliste pour entrer à Milipol, le « salon mondial de la sécurité intérieure des États ». De ses trois visites, il en revient avec son nouveau film « Nous sommes des champs de bataille », disponible à partir du vendredi 17 janvier 2025.

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Série
Invité(s)
Rigouste Mathieu
Durée
Date
14/01/25
  • Police
  • RAID
  • BRI
  • Violences policières
  • Saison 09
  • Surveillance
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Arrivé en avance, sac de rando sur le dos, Mathieu Rigouste s’installe pour la deuxième fois sur le canapé aupostien, trois ans après avoir parlé de son précédent film « Un seul héros, un peuple ». Dans son nouveau documentaire « Nous sommes des champs de bataille », auto-produit grâce à un financement participatif et en ligne le 17 janvier 2025, Mathieu Rigouste nous parle de sa voix grave et rauque du « business mondial de la guerre et du contrôle (et ce qui lui résiste) ». Il mène aussi une réflexion sur « la force des images et notre participation aux catastrophes en cours ».

Une infiltration pas toujours facile

La bande-annonce donne le ton : mitraillettes, flashsballs, tasers, robots et chefs d’entreprises d’armement, tel est le terrain d’investigation du chercheur indépendant, accrédité comme journaliste à trois reprises à Milipol, le salon annuel de la « sûreté et de la sécurité » (mais surtout l’évènement mondial du capitalisme du contrôle). Son badge épinglé, QR code bien visible, il se fond dans la masse des communicants publicitaires en soif de nouvelles technologies et de démonstrations virilistes. Mais de temps à autre, les plus méfiants refusent tout contact et tentent parfois de l’intimider.

Un tel engagement contre l’industrie de la violence remonte à ses premiers écrits mais aussi aux violences policières qu’il a personnellement subies en 2013, avant de finir à l’hôpital gravement blessé et d’être fiché S. Selon lui, les violences policières sont « structurelles, systémiques et organisées ». Milipol (un jeu sur les termes « militaire » et « police ») est la quintessence de leur légitimation. Dans ce monde, la violence est à faire désirer et à rendre fun. Que le salon ait lieu en France, deuxième vendeur mondial d’armes, confère au pays un pouvoir symbolique et technique.

En parallèle du salon, Rigouste réfléchit autour de ces questions avec ses amies Fahima Laidoudi et Fatou Dieng, militantes contre les violences d’État et de la police. Ce dispositif est, avec la voix-off du réalisateur, un moyen d’analyser en profondeur le sens de ces images et de comprendre les rouages de cette machinerie.

Des acteurs puissants

Mathieu Rigouste interroge Gérard Lacroix, l’un des dirigeants du Gicat, grand lobby de l’armement regroupant tous les géants du complexe militaro-industriel français. Cette institution, au cœur du fonctionnement étatique, fait le lien entre l’industrie sécuritaire et les instances de décision budgétaire ou de recherche et développement. Lacroix, dont on sent le média training, nous confirme que les entreprises ont tout intérêt à vendre leurs produits à l’État, car la validation de leur efficacité par le ministère de l’Intérieur leur ouvre le marché à l’export. Une fois testées sur le terrain, ces armes sont « combat proven », c’est-à-dire approuvées sur le champ de bataille.

Certaines entreprises se plaignent lorsque des restes de droit international leur empêchent de développer certains dispositifs, comme ce fut le cas avec les canons à eau lors des gilets jaunes. De telles réactions démontrent tout au long du film non seulement l’absence de honte mais aussi la fierté avec laquelle on réprime les classes populaires. À l’échelle mondiale, les années 2010 ont été rythmées par des soulèvements du peuple contre des régimes totalitaires, et dans le même temps le pouvoir a été capable de tenir voire de massacrer la population.

« Il n’y a pas de pouvoir total »

Malgré l’efficacité redoutable de cette machine sécuritaire, l’enquête de Mathieu Rigouste ainsi que les luttes prouvent qu’il « n’y a pas de pouvoir total », ni de « domination absolue ». De la plantation esclavagiste à l’horreur nazie, les opprimés trouvent des moyens de réagencer leur résistance. Le chercheur prend l’exemple d’un mouvement collectif dont le but fut de cesser l’activité d’une usine de grenades à gaz lacrymogène. Malgré le déploiement policier, ces manifestants se sont rendus compte qu’en s’approchant à cinq-cent mètres de l’usine, celle-ci était forcée de s’arrêter de fonctionner.

Le salon Milipol illustre bien tout au long du documentaire ce que Rigouste nomme « l’industrie duale », portée à la fois sur les secteurs militaire et civil. Historiquement, le marché sécuritaire comme système de pouvoir et domaine du capitalisme se déploie dans l’après-1968 comme une « sous-dimension » de l’industrie de l’armement et de l’économie de la guerre. Les marchandises du salon Milipol sont des dérivés de dispositifs militaires ayant été exercés sur les terres et les peuples colonisés jugés « sacrifiables ».

Le réalisateur ne cesse cependant de mettre l’accent sur les luttes, car ce sont elles qui ont imposé le sujet des violences policières dans les médias. Les différents formes d’entraide dans la résistance ont permis de cerner certaines failles du contrôle. Pour Rigouste, l’histoire évolue dans une confrontation permanente entre dominants et dominés. Son film, avec les moyens du bord, joue de  cette confrontation par l’usage de la caméra, riposte esthétique à l’imagerie de surveillance. À voir absolument !

Cinq questions-clé

Qu’est-ce que Milipol ?

Milipol Paris est un salon dédié à l’industrie de la sûreté et de la sécurité intérieure des États. Il est parrainé par le Ministère de l’Intérieur français et a lieu tous les deux ans depuis 1984. En 2023, le salon a accueilli plus de 1 100 exposants et plus de 30 000 visiteurs.

Qu’est-ce que le Gicat ?

Le GICAT (Groupement des Industries de Défense et de Sécurité Terrestres et Aéroterrestres) est une organisation professionnelle française qui regroupe des entreprises du secteur de la défense et de la sécurité. Il couvre des domaines tels que les véhicules blindés, les drones, les systèmes d'information et de communication.

Qui sont Fahima Laidoudi et Fatou Dieng ?

Fahima Laidoudi milite en parcourant les luttes pendant plusieurs décennies. Elle organise des cantines populaires autogérées à l’instar des cantinières de la Commune de Paris. Fatou Dieng, soeur de Lamine Dieng, tué par la police en 2007, est une militante qui lutte contre les violences d’État et les continuités coloniales en Afrique.

Que veut dire « combat proven » ?

Une arme est dite « combat proven » lorsque son efficacité a été validée sur le terrain, souvent contre un soulèvement populaire. Cela lui donne une valeur sur le marché de l’armement.

Comment se procurer le film « Nous sommes des champs de bataille » ?

Le film a été autoproduit et réalisé par Mathieu Rigouste à l’aide de dons. Le film est à prix libre sur le site du chercheur : https://mathieurigouste.net/Le-film

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