10,00 € récoltés / objectif 30 000,00 € (0.03%) – 1 donateur·ice
  1. Loyer 1 900,00 € Studio, assurances, téléphonie, elec
  2. Gestion 900,00 € Comptabilité
  3. Transport 1 000,00 € Tournages extérieurs, transports invités, stands, hébergement
  4. Salaires 13 000,00 € 2 journalistes, 5 pigistes, 1 graphiste, 3 développeurs
  5. Divers 1 000,00 € Services en ligne, matériel, abonnements à la presse indépendante
  6. Projet 3 200,00 € Provision pour achat d'une AuposteMobile, camion pour lives itinérants
  7. Site 9 000,00 € Provision pour refonte du site
Debout, micro ouvert, Au Poste retourne le réel
Debout, micro ouvert, Au Poste retourne le réel Pour défendre les libertés et nourrir le débat à gauche Média 100% live créé par l'écrivain réalisateur David Dufresne Sans montage ni formatage

Ballufier Asia

Journaliste

person.id
1004
person.wp_legacy_id
412
person.wp_legacy_link
https://www.auposte.fr/invites/ballufier-asia/
page.id
1973
role(s)
Invité
first_name
Asia
last_name
Ballufier
portrait
-
qualifier
convoqué
pedigree
Journaliste
website_url
https://www.lemonde.fr/signataires/asia-balluffier/
facebook_url
-
instagram_url
https://www.instagram.com/asiaballuff/
linkedin_url
-
bluesky_url
-
twitter_url
https://x.com/asiaballuff
mastodon_url
-
twitch_url
-
youtube_url
-
tiktok_url
-
wikipedia_url
-
latest_publication_title
-
latest_publication_editor
-
latest_publication_url
-
latest_publication_year
-
latest_publication_isbn
-

Depuis 2018, l’équipe vidéo du Monde multiplie les enquêtes implacables. Ils modélisent, synchronisent différentes sources, reconstituent en 3D, puisent dans la technique et dans la science pour réaliser des preuves par l’image. Charles-Henry Groult, Antoine Schirer, Arthur Carpentier et Asia Ballufier étaient convoqués AuPoste

Asia Ballufier : l’image comme preuve, le silence comme méthode

Asia Ballufier ne fait pas de bruit, elle fabrique du sens. Pas le genre à tweeter plus vite que son ombre, ni à prendre la pose sur les plateaux à l’heure du clash permanent. Elle appartient à une autre école : celle de la patience, de l’écoute longue, du montage lent. Loin du vacarme éditorial, elle s’est imposée dans le paysage médiatique comme une voix discrète mais déterminée, une journaliste qui tient la ligne sans avoir besoin de la surligner.

Formée au CFJ, passée par Rue89 puis L’Obs, elle atterrit au Monde en 2017 pour y faire ce qu’elle sait faire : regarder autrement. D’abord au service vidéo, où elle expérimente les formats courts et didactiques – desk d’actualité, “rebonds” de trois minutes, explainer plus ambitieux. Puis très vite, elle bifurque vers la cellule d’enquête visuelle du journal. Là, elle devient l’un des visages de l’OSINT à la française : une enquête sans micro, sans plan-plan, mais avec des images géolocalisées, des métadonnées recoupées, des preuves qu’on ne peut pas effacer.

Aujourd’hui cheffe adjointe du service vidéo en charge de cette cellule, Asia fait partie de ces journalistes qui réinventent le métier sans le dire. Elle n’en fait pas une marque, encore moins une doctrine. Elle travaille. Derrière les vidéos bien produites que le Monde publie sur les violences policières, les déplacements de populations ou les crimes de guerre à Gaza, il y a son regard. Celui qui capte ce qui échappe aux bulletins d’infos : un détail d’un tir de LBD, une silhouette déplacée sur une carte satellite, un visage flouté mais toujours digne.

Ses terrains sont nombreux : Ouïgours parqués, influence russe au Sahel, narcotrafic à ciel ouvert. Là où les caméras traditionnelles sont absentes, elle remonte le fil des images postées sur TikTok, WhatsApp ou YouTube. Elle vérifie, contextualise, restitue. Le numérique,  n’est pas une fascination pour la technologie. C’est un espace politique, un champ de bataille symbolique où elle déploie une rigueur quasi-forensique pour faire parler les pixels.

Mais Asia ne s’arrête pas à l’image. Elle sait que la technologie ne dit rien sans l’humain. Dans ses réflexions sur l’anonymat, les VPN ou les pseudonymes, elle interroge ce besoin vital de se cacher dans une époque qui exige qu’on s’expose. Elle ne juge pas les masques numériques : elle les comprend. Elle les lit comme des gestes de survie dans un monde où l’intimité devient une ressource à défendre.

Son journalisme est un refus : celui du vacarme, de l’opinion en boucle, du spectaculaire creux. Elle pratique une écriture de la nuance, une politique de l’attention. Lorsqu’elle s’empare de sujets comme le féminisme, les violences sexuelles ou le rapport au corps, ce n’est jamais pour brandir un drapeau, mais pour tisser des récits qui respectent la complexité des vies. À contre-courant du flux, elle prend le temps. Elle écoute ce qui ne se dit pas, filme ce qu’on ne veut pas voir, écrit ce que personne n’a encore pris le temps de formuler.

Ballufier ne s’érige pas en figure de proue. Elle creuse sa voie, dans les marges du pouvoir, dans les silences médiatiques. Elle fabrique une forme de journalisme modeste et radical à la fois : modeste dans la posture, radical dans la méthode. Une journaliste du réel, dans ce qu’il a de plus flou, de plus fragile, de plus humain.

En tant qu'invité

Au Poste est mis à la disposition de tous selon les termes de la licence Creative Commons Attribution : Pas d’Utilisation commerciale - Partage dans les mêmes Conditions.