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Urgence Palestine et La Jeune garde : débat croisé avant dissolution

Urgence Palestine et La Jeune garde : débat croisé avant dissolution

Demain, lors d'un conseil des ministres exceptionnel, il y a de fortes chances que les décrets de dissolution d'Urgence Palestine et de la Jeune Garde soient signés. Que signifie cette répression ? Quelles conséquences ? Nous en discutons avec Omar Al-Soumi, porte-parole d’Urgence Palestine, et Raphaël Arnault, député LFI, membre fondateur et ancien porte-parole de la Jeune garde.

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Série
Horizons XXI
Invité(s)
Alsoumi Omar, Arnault Raphaël
Durée
Date
14/05/25
  • Gaza
  • Islamophobie
  • La Jeune Garde
  • Palestine
  • Répression
  • Urgence Palestine
  • LFI
  • Saison 09
  • Best of

Un an et demi de guerre génocidaire et plus de deux mois de famine à Gaza, pilotés par un gouvernement suprémaciste d’extrême droite, qui vient d’annoncer une opération militaire pour occuper Gaza. En Europe, la même extrême droite, invitée d’ailleurs dernièrement par Benyamin Nétanyahou à Jérusalem, connaît une montée fulgurante. Tandis que les crimes racistes se multiplient, la priorité du ministre de l’intérieur Bruno Retailleau est de s’attaquer à deux organisations : Urgence Palestine, collectif constitué au lendemain de la réponse israélienne aux attaques terroristes du 7 octobre 2023  et la Jeune Garde, organisation antifasciste. Bien que le décret de dissolution des deux collectifs n'ait toujours pas été signé en conseil des ministres, cette dynamique interroge. Que signifie cette répression ? Quelles conséquences ? Nous en avons discuté autour d'un bon café avec Omar Al-Soumi, porte-parole d’Urgence Palestine, et Raphaël Arnault, député LFI, membre fondateur et ancien porte-parole de la Jeune garde.

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Des dissolutions sans fond ?

Qu'est-il réellement reproché aux deux organisations ? Qu'ont-elles fait qui soit susceptible de motiver une dissolution ? À en croire nos deux invités, rien... Si ce n'est d'exister. En effet, à la lecture des lettres annonçant les intentions du gouvernement de dissoudre Urgence Palestine et la Jeune Garde Antifasciste, les porte-parole des organisations respectives apprennent qu'on leur reproche d'être des militants pro-palestiniens et antifascistes. Ni plus ni moins. Bien sûr, ce n'est pas écrit tel quel (quoique). Chez Omar Al-Soumi comme chez Raphaël Arnault, on reproche notamment des incitations à la haine et à la violence. Mais rien de bien renseigné, ni de très concret. Beaucoup de spéculations du reste, et particulièrement pour Urgence Palestine, accusée d'être un vivier de recrutement pour tous les islamistes qui souhaiteraient combattre au Proche-Orient. En réalité, pour Raphaël, l'action du gouvernement vise à leur refuser "le droit d'exister politiquement. C'est une existence sociale d'exister politiquement aussi".

Mais sans fond réel, pas de réelles raisons de s'inquiéter (normalement). Comme nous le confie Omar: «il est clair qu'ils utilisent des armes policières et administratives, mais le droit, en réalité, la justice est de notre côté. Et c'est pour ça (...) que y a eu cet élan extraordinaire de solidarité». D'autant plus que la Jeune Garde et Urgence Palestine sont des organisations qui, dès leur création, ont eu pour objectif de se lier avec d'autres collectifs, leur permettant aujourd'hui, face à cette menace de dissolution, de ne pas se retrouver isolés. Et, comme le note Darth dans le tchat : "S'enrichir des expériences d'autres organisations qui, comme elles, ont été visées par des procédures de dissolution, et qui en ont réchappé " (Soulèvements de la Terre, Défense collective de Rennes, Comité Palestine de Bordeaux).

Pourquoi maintenant ?

Comment comprendre ces mesures de dissolution ?  L'hypothèse la plus probable avancée par les convoqués Au Poste est celle d'un pur produit de la tambouille politicienne interne au gouvernement, à la droite et à l'extrême-droite. Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, était candidat à la présidence du parti Les Républicains. Également, et on peut le dire sans trop s'avancer, candidat de la droite, et très probablement de l'extrême-droite après la condamnation en inéligibilité de Marine Le Pen, à la présidence de la République en 2027. Dissoudre une organisation antifasciste et une organisation de défense du peuple palestinien, c'est se poser en homme fort. Idéalement en candidat de l'Union des droites. Et dissoudre par le même coup l'organisation néofasciste Lyon Populaire, c'est montrer son impartialité, sa capacité à gouverner avec justesse.

Antifascistes, pro-palestiniens : tous antisémites

Jeune Garde, Urgence Palestine : des organisations caractérisées par leur antisémitisme, selon le ministère de l'Intérieur. Pour des collectifs par définition antiracistes, antifascistes, l'accusation d'antisémitisme fait mal... très mal. Pour le porte-parole d'Urgence Palestine, "c'est une accusation qui défait toute la substance de cette exigence, pourtant très importante, de lutter contre le racisme sous toutes ses formes". Se joue ici un renversement sémantique, où les antisionistes seraient les vrais antisémites, brouillage qui profite largement à l'extrême-droite. Confondre les repères existants est un des traits caractéristiques de ce courant politique. Ici précisément, se réhabiliter en tant que meilleur défenseur des juifs, après des années à être confiné politiquement justement en raison de cet antisémitisme caractéristique.

Prendre pour prétexte l'antisémitisme supposé de ces organisations comme motif de dissolution, c'est précisément s'attaquer au travail d'éducation populaire qu'elles accomplissent au quotidien, et particulièrement de débunkage des clichés et des stéréotypes. Travail qui a porté ses fruits notamment dans les luttes pour la cause palestinienne qui, comme l'observe l'antifa Raphaël Arnault (par ailleurs député LFI), "n'ont jamais été aussi saines qu'aujourd'hui" par rapport aux années 2010-2015 où des individus comme Soral et Dieudonné avaient utilisé la lutte antisioniste pour faire avancer leurs idées antisémites. Travail d'éducation populaire également mené par des collectifs juifs décoloniaux comme Tsedek et l'Union Juive Française pour la Paix, notamment sur la question du philosémitisme.

Mais surtout, ces accusations d'antisémitisme à la volée masquent la raison profonde qui motive les annonces de dissolution d'Urgence Palestine et de la Jeune Garde, à savoir un profond racisme envers les populations arabo-musulmanes. Cette forme de racisme, qu'on peut également qualifier d'islamophobie, semble avoir pris le pas sur l'antisémitisme du 20ème siècle, faisant ainsi des musulmans d'aujourd'hui les juifs d'hier. Et c'est précisément ce qu'on observe avec la connexion entre suprémacistes blancs israéliens et européens, notamment illustrée par la tournée de Jordan Bardella en Israël en mars dernier , sur invitation du gouvernement Néthanyaou. Mais ne nous méprenons pas ! Cette extrême-droite européenne n'a pas renié son antisémitisme d'antan, elle l'a juste mis de côté pour s'adapter à l'agenda politique du moment : la chasse aux musulmans. C'est cette islamophobie qui tue en France et à Gaza, et c'est contre cette dernière que luttent les deux organisations aujourd'hui menacées de dissolution.

La dissolution, et après ?

Dissolution annoncée n'est pas dissolution exécutée. Tout cela va dépendre des jeux et enjeux internes au gouvernement, notamment pour Urgence Palestine, entre un Retailleau chef des droites extrêmes et des extrêmes-droites, et un Macron voulant se poser en faiseur de paix, comme alternative à Trump et Nétanyahou. Mais si dissolution il devait y avoir, nous perdrions deux outils de luttes importants et plus que nécessaires au vu de la période à laquelle nous sommes confrontés. Et cela créerait un précédent plus qu'inquiétant. Pour Raphaël : "(...) il ne faut pas leur laisser cette victoire là aussi, la possibilité de dire que si on a dissout Urgence Palestine et la Jeune Garde, ça veut dire qu'on peut aller encore plus loin et (...) dissoudre possiblement toute organisation qui se revendique un temps soit peu d'égalité, de progressisme et de solidarité internationale".

Pour éviter cela, nos invités nous enjoignent à nous battre, à s'engager pleinement dans cette campagne contre la dissolution, à utiliser tous les outils à notre disposition pour lutter contre cet agenda autoritaire et raciste. À faire front, collectivement.

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Qu'est-ce que la Jeune Garde Antifasciste ?

La Jeune Garde Antifasciste est une organisation antifasciste créé en 2018 à Lyon. Elle est désormais présente dans 7 villes : Lyon, Paris, Strasbourg, Montpellier, Lille, Aix-en-Provence et Marseille. Son porte-parole actuel est Cem Yoldas.

Que n'ont plus le droit de faire les membres d'une organisation dissoute ?

Ces personnes n'ont plus le droit de se mobiliser sous le nom de l'organisation dissoute et de revendiquer des actions en son nom. De plus, même si elles se mobilisent sous une nouvelle appellation elles encourent le risque d'être poursuivies pour reconstitution de ligues dissoutes.

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