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Submersion ou la connexion permanente. Bruno Patino (patron Arte) convoqué #AuPoste

Submersion ou la connexion permanente. Bruno Patino (patron Arte) convoqué #AuPoste

Depuis dix ans, au moins, le boss d'Arte écrit la nuit sur ce qui le travaille le jour. Penser le monde d'aujourd'hui, en faire partie (prenante), se connecter aux autres, et les autres à soi. Ancien du Monde, Bruno Patino revient avec Submersion, chez Grasset.

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Série
Invité(s)
Patino Bruno
Durée
Date
01/12/23
  • Saison 06
  • Capitalisme

Il écrit: « Nous avons perdu la nuit. Les écrans sont arrivés, et avec eux la connexion permanente. Voici venu le temps de l’aube perpétuelle. De la lueur bleutée qui jamais ne s’éteint, du rayonnement qui jamais ne s’apaise. Eveillés, hagards, hébétés, nous sommes irrémédiablement attirés par leur lumière. Finies les insomnies, place à l’a-somnie et aux veilleurs sentinelles, à ceux pour qui la nuit n’est plus qu’une séquence hypnotique entre mauvais sommeil et connexion décevante. Je suis l’un d’entre eux. » Patino était Au Poste dès potron-minet. Une heure. Et on était pas chez les cons: quelles sont les conséquences du trop-plein d’information, sur notre liberté, sur notre énergie ? D’après l'auteur, il ne s’agit pas d’enrayer la machine, mais de séparer traçabilité et surveillance, de se réapproprier notre discernement et de repenser nos choix, notre capacité à errer.

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“Submersion”. Voici comment Bruno Patino nomme « le triomphe absolu de l’économie de la data », de la « tension », de la « captologie », et ses effets sur nous. Loin de décrire une dystopie ou de prôner un “retour en arrière” impossible, le patron d’Arte s’intéresse à ce que cette submersion produit sur nous : « un sentiment de fatigue, d’engloutissement, de dépendance, qui modifie structurellement notre libre-arbitre », produisant « une délégation ». Il rappelle que d’après une étude britannique, nous passons 100 jours de notre vie à décider de ce que l’on va regarder. « Qu’est-ce que ça veut dire de déléguer ses choix à un algorithme ? Est-ce que c’est grave, anodin, efficace ? À quel moment nos choix sont encore nos choix ? » pose Patino.

Marqué par « l’utopie enfantine » de John Perry Barlow et sa déclaration d’indépendance du cyberespace (1996), ou encore par Barry Schwartz et sa théorie du paradoxe du choix, Patino explique que l’on se sent « beaucoup plus libre et satisfait quand on a le choix entre vingt options plutôt qu’entre un million. »

Son portable vibre, il a oublié de l’éteindre. « La submersion est là » dit-t’il en souriant, avant d’ajouter « comme dit Lacan, un acte manqué est un discours réussi. »

Ni cynique ni pessimiste, il confie : « à aucun moment je ne dis qu’il faut arrêter ce mouvement. Moi-même, j’y participe individuellement et professionnellement. Il faut le naviguer, à deux conditions : se pencher très fortement sur les questions de choix et sur le discernement entre réalité et fiction. »

Prenant l’exemple du concert des avatars d’ABBA auquel il a assisté à Londres, il décrit à quel point l’humain adore « l’imbrication entre fiction et réalité », précisant que cette suspension d’incrédulité a une limite : le discernement. « La technique ne résout pas ce que la technique crée. Le discernement s’apprend » développe-t-il. Le chat l’interroge : « croit-on parce qu’on manque de certitudes ? » Evoquant Don Quichotte, héros par excellence de la submersion, Patino répond « on y croit parce qu’on a envie d’y croire, parce que la réalité est décevante. »

Comment récupérer du libre-arbitre, du discernement ? Patino nous présente un nouvel exemple : celui du protagoniste de la série télé américaine Les Envahisseurs, David Vincent, qui rencontre les extraterrestres après s’être perdu. « David Vincent s’est paumé et ça a donné du sens à sa vie » philosophe Patino.

Répondant au chat qui lui demande son avis sur la notion “capitalisme de surveillance”, de Shoshana Zuboff, Patino parle d’un « livre majeur, très puissant”, mais se dit toutefois plus optimiste que la sociologue.

Empruntant des chemins de traverse dans notre échange, Bruno Patino le décrit comme « la conversation qu’on peut avoir quand on marche », glissant comme dernier mot « j’ai un plaidoyer pour marcher les mains dans les poches. »

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