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Rima Hassan Au Poste : « un moment de vérité(s)»

Rima Hassan Au Poste : « un moment de vérité(s)»

Deux heures durant, la députée européenne a parlé du fond, en toute franchise, loin des buzzeries. De la Syrie, de la Palestine, d'Israël, de son travail de parlementaire.

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Série
Invité(s)
Hassan Rima
Durée
Date
11/12/24
  • International
  • Gaza
  • Palestine
  • Saison 08
  • Syrie

Ce fut un moment rare, où les colères succédaient à des confidences, les rires aux déclarations graves, génocide et gazacide, Shoah et Nakba ; où il fallait revenir sur des accusations contre elle, quitte à en porter d'autres. Un échange où le tchat, plein à craquer, demandait des éclaircissements, des précisions, et goûtait l'instant suspendu. <br><br>Syrienne par sa grand mère, née elle-même dans un camp de réfugiés palestiniens près d'Alep, Rima Hassan, juriste, a fini par lancer: «j'ai pu dire ce que je ne peux pas dire ailleurs». <em>Haters</em> ou partisans, écoutez là.

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Elle a pris ses distances avec les chaînes d’info en continu. SMS par dizaines pour l’inviter sur un plateau, coupée lorsqu’elle s’interroge sur certaines pratiques de grandes chaînes d’info en continu, le cadre médiatique mainstream ne convenait plus à Rima Hassan. La juriste et députée européenne, ce soir, est Au Poste. Pour la militante de la cause palestinienne, née dans le camp de Neirab en Syrie et où une partie de sa famille vit encore, sa venue, préparée de longue date, prend une autre dimension avec la chute de Bachar al Assad.

Le boucher de Damas s’est enfui. La Syrie, sa guerre, aura duré des années. « C’est un sujet qui est très compliqué pour moi », commence Rima Hassan. Sa grand-mère maternelle est syrienne. Si la juriste est arrivée en France avec sa mère à l’âge de 10 ans, le reste de sa famille, depuis la Nakba en 1948, n’a connu que les camps de réfugiés. Elle, qui a étudié ces camps pendant des années, sait qu’ils sont très vulnérables en Syrie en période d’instabilité: « J'ai eu des moments de peur pour ma famille ».

« Les camps palestiniens, ce sont des camps en dur ». Loin de l’imaginaire que l’on a de l’humanitaire, les réfugiés palestiniens ont construit depuis leur exode forcé des maisons et un quotidien loin de chez eux. À l’époque, ils étaient 800 000 à être expulsés, 532 de leurs villages ayant été détruits. Il y avait des exactions comme aujourd’hui à Gaza, mais « sans les massacres à ce niveau d’intensité » précise-t-elle.

« On vous demande de vous mobiliser pour que les armes se taisent. »

Malgré son parcours, la députée LFI est prise à partie par des internautes sur Twitter. On accuse le mouvement de Mélenchon d'avoir été silencieux sur la Syrie. Elle, qui n’a pas l’âge du dirigeant LFI, rappelle les faits: « Ça fait quelques mois que l’on parle d’une révolution qui a eu lieu quand j’avais 18 ans. J’étais au lycée quand la révolution a commencé. »

Elle ajoute que son combat pour la cause palestinienne ne lui laisse aucun temps pour s’emparer d’autres: « Le combat, à un moment donné, c’est matin, midi, soir, ce n’est pas deux heures le dimanche ». Elle fustige le comportement de ceux qui, prompts à faire le suivi sur Twitter de l’antériorité de ses déclarations sur la Syrie, ont oublié qu’ils ont attendu le 07 octobre pour faire le constat d’une situation qui a touché des générations de Palestiniens.

Au-delà des considérations politiques en France, sa crainte pour la Syrie est que des États, turc, russe et israélien notamment, ne saisissent l’occasion par cynisme pour accroitre leur influence sur le pays. En définitive, les principaux concernés que sont les civils syriens, qui attendaient depuis le début de cette révolution que la page d'al Assad soit tournée, pourraient ne pas avoir l’opportunité de respirer.

En cause, selon elle, « l’immunité totale » dont bénéficierait Israël, accordée par des pays comme la France et l’Allemagne, entre autres. Israël, qui mène d’ores et déjà des incursions en Syrie, est soutenu politiquement à Gaza par les pays occidentaux. Rima Hassan, elle, plaide pour le respect du droit international et la fin du « deux poids, deux mesures » en ce qui concerne les droits de l’homme.

Si elle critique l’État, elle souligne n’en vouloir à personne d’avoir pensé à la création d’un foyer national juif après les horreurs connues par les survivants de la Shoah: pour elle, « ça fait sens. » Sa critique, l’avoir pensé au détriment des Palestiniens: « On ne comprend pas la dissociation à faire entre l’histoire du peuple juif et ce qu’est Israël aujourd’hui: un État colonial, fasciste, raciste et suprémaciste qu’il faut dénoncer. »

État binational ou solution à deux États

À la France insoumise, le parti pris, c’est le droit international. Pour le mouvement, ce qui est valable en Ukraine l’est aussi en Palestine. Il défend donc, avec sa députée franco-palestinienne, la solution à deux États. Mais Rima Hassan, qui dit avoir fait le deuil des accords d’Oslo, revendique une certaine liberté de ton et souhaite voir naître dans l’idéal un État binational, démocratique et laïque. Pour elle, la libération, c’est pour toute la Palestine mandataire. Si elle revendique pour son peuple « un droit de circulation et d’installation sur tout le territoire », elle précise toutefois: « La dignité du peuple Palestinien passe par le fait de ne pas faire au peuple juif ce qu’il a déjà vécu et de ne pas lui faire subir une Nakba que le peuple Palestinien, lui, a vécu. »

« Je me suis demandée si on allait me tuer. »

Dans un climat politique détérioré en France et à l’international, la députée européenne paie le prix de ses prises de position: « Pour la première fois de ma vie, cette année, je me suis demandée si on allait me tuer. » La députée, sidérée, avoue jeter parfois un coup d’œil aux mains des personnes qui l’interpellent dans la rue.

Face aux pressions, à la fin, ce qui prime pour sa personne, c’est le sentiment d’impuissance. Faire des conférences et manifester ne suffit pas face à l’ampleur de sa tâche. Malgré tout, pour la cause qu’elle représente, la militante ne perd pas espoir et formule un vœu: « On finira par gagner quelque chose, on finira par faire basculer l’opinion », formule-t-elle, avant de s’excuser pour la longueur de ses déclarations. C’est que les lieux où l’on peut développer sa pensée se font rares. Ici, avec le tchat, on écoute, on prend le temps.

Qu’est-ce que les accords d’Oslo ?

Les accords d’Oslo sont le fruit de négociations entre des dignitaires du gouvernement israélien et des Palestiniens membres de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) en 1993. Elles sont menées en secret, en Norvège, et tentent de trouver une solution au conflit entre les deux entités. Les termes de l’accord prévoient la création d’une autorité palestinienne autonome devant mener à une paix durable dans la région.

Qu’est-ce que la Palestine mandataire dont parle Rima Hassan ?

C’est un statut politique proposé en 1920 par la Société des Nations, à la chute de l’empire ottoman. Des mandats sont accordés aux puissances occidentales sur ses anciennes possessions. La Palestine mandataire, alors attribuée à l’empire britannique, recoupe un territoire comprenant la Cisjordanie, Gaza et l’actuel État d’Israël, à l’exception du plateau du Golan, aujourd’hui occupé par ce dernier.

En quoi consiste la solution à deux États ?

C’est un projet visant à trouver une issue au conflit israélo-palestinien. Ce projet est défendu en France par la France Insoumise, en lien avec un plan de partage proposé par les Nations unies. Il vise à acter la séparation en deux entités distinctes le territoire de l’ancienne Palestine mandataire.

En quoi consiste la création d’un État binational ?

C’est un projet concurrent à la solution à deux États. Il a pour projet l’unification de l’ancien territoire de la Palestine mandataire sous un seul État avec deux nationalités, regroupant ainsi Israéliens et Palestiniens. Pour Rima Hassan, qui défend cette position, cet État se doit d’être démocratique et laïc.

Qu’est-ce qu’un apartheid ?

Si le mot trouve son origine dans l’histoire sud-africaine, il désigne un système d’oppression d’un groupe sur un autre. Fondamentalement raciste, ce système de domination est régi par la loi d’un État qui orchestre la différence de traitement entre différentes communautés. L’apartheid est condamné par plusieurs textes de droit international et est considéré comme un crime contre l’humanité.

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