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Kaoutar Harchi et Aurélien Bellanger : quand les écrivains s’écrivent

Kaoutar Harchi et Aurélien Bellanger : quand les écrivains s’écrivent

Le principe est limpide. Tous les mois, durant six mois, les abonné·es de La Correspondance reçoivent, directement dans leur boîte aux lettres, une correspondance en train de se tisser. Ici, il est question de « gauche » coloniale, de république blanche, d’antiracisme, de Nirvana, de DJ Mehdi, de vivre sa vie, de Gaza, de littérature de soi et pour les autres.

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Série
Invité(s)
Bellanger Aurélien, Harchi Kaoutar, Perrin Annabelle
Durée
Date
25/02/25
  • Littérature
  • Edition
  • La Disparition
  • Racisme
  • Algérie
  • Saison 09
  • Best of
  • République

Une confrontation de regards, de styles, de visions du monde. La littérature comme un champ de bataille, la lettre comme une arme.

Trois duos, trois thèmes, trois années. Jusqu’en juin, le premier duo: Kaoutar Harchi et Aurélien Bellanger, ici accompagnés d’Annabelle Perrin (cofondatrice de La Disparition dont elle est la rédactrice en chef)

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« Des choses sont en train de disparaître ». Dans notre monde, dans nos vies. Ce constat simple mais aux implications tentaculaires, posé par Annabelle Perrin, est à l'origine de la création du média « La Disparition ». Pour déployer ce thème, l'idée d'un support éphémère s'impose : les autrices et auteurs écriront leurs histoires de disparition sous forme de lettres.

Trois ans plus tard, dans leurs enveloppes oranges, ces lettres continuent de cheminer à travers le pays. À sens unique, alors. Désormais, avec « La Correspondance », les envois trouvent un écho.

Kaoutar Harchi, Aurélien Bellanger : deux écrivain·e·s qui partagent une certaine indignation contre d'une part, la frange de la gauche qui persiste à ne pas voir le racisme, et d'autre part, une posture de pureté de l'écrivain « à la française », que cette même gauche participe à entretenir. Deux écrivain·e·s qui se mouillent, qui interviennent dans les médias, sur les réseaux sociaux. L'exercice qu'Annabelle leur a proposé est une livrée plus intimiste peut-être que leurs autres publications, mais non moins engagée et éclairante.

Pascal Bruckner, Raphaël Enthoven... Jules Ferry

Dans leur premier échange, Aurélien Bellanger évoque son dernier ouvrage, « Les derniers jours du Parti Socialiste ». Il y explore, avec les outils du romancier, le virage intellectuel de ce parti, autoproclamé de gauche de gouvernement, à travers l'aventure hasardeuse du Printemps Républicain. Kaoutar Harchi, qui a largement combattu les idées de ce mouvement, lui répondra qu'au lieu de virage, qu'au lieu de trahison, le PS s'inscrit tristement dans une logique de pensée bien plus ancrée et vieille de plusieurs siècles en Europe : celle de l'islamophobie.

Pour illustrer, Kaoutar Harchi nous ramène à une figure emblématique de la gauche que l'on dirait aujourd'hui « républicaine ». Non, il n'y a pas deux Jules Ferry, le gentil instructeur et le méchant colonialiste. Il y a un homme d'État, un député, qui défend ce qu'il perçoit comme étant l'intérêt de sa nation. Celui qui a promu les idéaux d'égalité, de justice, d'émancipation des enfants de ce pays est bien le même qui a appelé à l'asservissement de populations étrangères, dans la perspective d'enrichir ce même pays.

Toute une frange de la classe politique actuelle n'a aucun problème à se référer à cette longue histoire, à en révérer les aspects reluisants, sans s'encombrer des abjections commises au nom de la République, que de toute façon, en dernière instance, ils ne renient pas. Souvenons-nous du bulletin qu'un certain philosophe médiatique a promis d'insérer dans l'urne à 19h59. Si trahison il y a, elle vient plutôt d'Aurélien Bellanger, écrivain, blanc, qui, en l'étalant au grand jour, se démarque du pacte racial dans lequel ses pairs se complaisent.

Reconnaître le pacte racial

Un travelling d'une minute trente, aux portes d'un meeting de Jordan Bardella, à l'orée des élections législatives de 2024. Les gens défilent. Devant ces images, Aurélien Bellanger a une révélation : « Je m'étais mis à voir les Blancs ». « En dernier lieu, le motif raciste est central » dans le vote Rassemblement National, affirme-t-il. C'est la thèse du sociologue Félicien Faury, qu'Au Poste a reçu en juillet 2024 , qui a passé six ans dans une petite ville du Sud-Est à fréquenter l'électorat d'extrême-droite, à tirer au clair ce qui les unit dans leur diversité.

La blancheur qu'il perçoit, ce n'est bien sûr pas qu'une question de couleur de peau, c'est une attitude, celle d'un « virilisme de cour d'école » qui épouse, consciemment ou non, le motif d'un suprémacisme civilisationnel blanc, ou européen, ou occidental, que l'on a détaillé plus haut. Si le racisme « biologique », individualisant, est heureusement en net recul, le racisme structurel reste parfaitement actuel, actif. C'est l'un des fondements-même de l'État-Nation, dont les structures sont les nôtres. Dans la difficulté à définir ce qu'est le peuple se tient ce suprémacisme civilisationnel, dont le racisme n'est que le véhicule.

La chape de plomb qui pèse sur les questions raciales commence à se lever dans les années 2000, ce qu'Aurélien Bellanger note comme une période de rétractation économique forte, une période où « l'achat de la paix sociale par la redistribution » n'est plus possible. Si le Front National puis le Rassemblement National, sans aucune surprise, est en pointe sur le sujet, et que la droite plus libérale la talonne de près, la gauche se crispe et se divise. D'un côté, une gauche bien ancrée dans ses habitudes institutionnelles se revendique de l'universalisme, « ne voit pas les couleurs », et tout au plus, renvoie les inégalités à des questions de culture, de religion, pour mieux s'en laver les mains et faire porter le stigmate aux populations ciblées. De l'autre, une gauche en rupture avec ce pacte racial prend ces questions à bras-le-corps, les politise à nouveau : c'est-à-dire qu'elle tente de regarder en face les structures racistes inégalitaires qui règnent dans la société, et les analyse comme des mécanismes de domination, des rapports de pouvoir. Comme l'explique Kaoutar Harchi, « la distinction entre ce qui est religieux et ce qui est politique est en soi, déjà, une perception coloniale du monde ».

La Correspondance

L'échange de lettres entre Aurélien et Kaoutar, tout comme l'échange qui a lieu Au Poste, est une proposition franche, celle de deux regards qui livrent leurs états d'âme, d'écrivain·e·s habité·e·s qui parlent depuis leurs positions respectives. Ce qu'ils décident de dire et de ne pas dire leur appartient pleinement.

S'autoriser la mélancolie, s'autoriser la tristesse, comme l'exprime Kaoutar Harchi, est possible parce que c'est une correspondance, ce n'est pas une analyse, ni une tribune. C'est peut-être parce que c'est une forme d'écrit qui se prête à se livrer un peu plus, une occasion de faire le point, de poser sur le papier des pensées et des sentiments qui, en temps normal, ne font que passer. Un objet que l'on crée d'abord, aussi, pour soi-même, avant de le délivrer à qui l'on souhaite. Pour les lecteur·ice·s que nous sommes, c'est un cadeau.

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Au plus près du… Rassemblement national, avec Félicien Faury - Au Poste, 04 juillet 2024

Qu'est-ce que la Disparition ?

La Disparition est un média indépendant basé à Marseille et fondé en 2021 par Annabelle Perrin et François de Monès, alors deux jeunes pigistes empêchés de travailler pendant le confinement. Le média diffuse à ses abonné·e·s tous les quinze jours une lettre écrite par un·e journaliste ou auteur·ice, débutant·e ou confirmé·e, un récit très libre dont la seule ligne éditoriale est l'idée de Disparition, l'envie de « raconter un monde en train de disparaître» .

Qu'est-ce que la Correspondance ?

La Correspondance est un nouveau projet lancé par la Disparition. Il s'agit de faire dialoguer, l'espace de six mois et trois allers-retours épistolaires à chaque fois, deux écrivain·e·s autour de thématiques de leur choix, politiques ou plus intimistes ; avec toujours en toile de fond l'idée première de Disparition.

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