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« Impact » de Rudy Burbant : le documentaire photo bouleversant sur les mutilés

« Impact » de Rudy Burbant : le documentaire photo bouleversant sur les mutilés

Avec Impact, le photographe signe un livre bouleversant, clinique et sensible. Ce sont des photos, mais ce sont bien plus que des photos. Dix mutilés, dix violentés, racontent l'assaut policier qui leur fut fait, et la vie qui n'est plus tellement une vie, qui a pris place. Ce sont des corps, un détail, une bascule, une main arrachée, un œil perdu, des lunettes de secours, une prothèse. Dix vies brisées qui se racontent.

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Série
Invité(s)
Burbant Rudy
Durée
Date
29/11/22
  • Culture
  • Gilets Jaunes
  • LBD
  • Photo
  • Saison 04
  • Violences policières

En seconde partie, Romaric Briand nous parle de la politisation des jeux, dans le sillage de la polémique du retrait par la Fnac du jeu AntiFa

A contre courant des tendances, des réseaux sociaux et de leur frénésie, le travail de Rudy Burbant propose un documentaire photographique où l'image reflète l'expérience de personnes ayant rencontré la violence du maintien de l'ordre ; en miroir, le récit de leur blessure et les conséquences irréparables dans leur vie.

Le choix du format, entre carré et rectangle, du 6x7 en argentique pour les connaisseurs, dénote du soin apporté par l'auteur à la confection de son travail : « Une approche tranquille, posée de la photo, dont le leitmotiv est de prendre son temps. » Dans sa voix émane son intention : « Exposer quelque chose de juste et beau. » D'où le choix du (beau) papier et d'un véritable éditeur photo. Pour rendre toute leur dignité, tant à l'image que dans les textes, à ces trajectoires de vie émouvantes. Des enregistrements audio sont fournis  avec le livre.

Le photographe revient sur son approche de la photo, portée par un regard : « L’idée, c'était de sortir du tumulte d'image qu'on a vu en masse à une période » Puis d'être à l'écoute : « J ´avais l'envie de rencontrer les personnes, quelques mois après l'événement ; on n'est pas sur des blessures toute récentes. Ce qui faisait écho aux autres démarches concernant les blessés (travail de l'ACAT, du collectifs des Mutilés pour l'exemple, de l'Observatoire toulousain des pratiques policières et d'autres).

Dans son ouvrage, Rudy Burbant fait le portrait de dix personnes : « Des histoires qui concernent différents contextes de maintien de l'ordre et qui sont reliés à une arme (grenade GLI-F4, munition de LBD, lacrymogène,  matraque, etc.). La plupart sont Gilets jaunes, mais pas tous. »

Des objets de reconstruction: les prothèses

Le livre s'ouvre sur des photos qui symbolisent à la fois la violence du choc et le retour à une vie "normale". Rudy Burbant nous raconte : « Au début, je ne voulais documenter que les armes, les sortir du contexte de la rue, pour les mettre sur un fond très neutre. Que cela fasse clinique, et que ça en devienne un objet intrigant. Les afficher ensuite, en grand dans la rue, avec un texte, afin d'informer. Que cela suscite une discussion. »

A la vue de la prothèse d’Antoine Boudinet, posée sur une table, l'auteur ressent le besoin de faire des portraits : « Ça raconte vraiment quelque chose de ce qui se passe après. Je ne voulais pas raconter le moment de l'impact, mais aussi le parcours, au niveau de la santé, psychologique et judiciaire, etc. Cette prothèse m'a sauté aux yeux. »

Pour le dispositif technique, le photographe a utilisé un fond gris/bleu: « j´étais chez les gens à chaque fois pour faire l'éclairage et le cadrage ». Pour les armes : « l'idée c'était de sortir du contexte de la rue, pour en faire presque un objet d'art, étrange et étonnant. Ces photos sont associées à des textes qui décrivent leur usage et leurs effets sur les corps. »

Antoine Boudinet

Au cours de la manifestation du 8 décembre 2018 à Bordeaux, il perd sa main en voulant repousser une grenade GLI-F4 qu'il pensait être une grenade lacrymogène, pour se protéger. Lorsque Rudy Burbant le rencontre, quelques mois après : « Antoine était en mode combatif, il arrivait à en rire, ce qui peut paraître étonnant, en tout cas moi, ça m'a surpris. » Depuis, Antoine a été élu conseiller municipal "Bordeaux en luttes" (Gilets jaunes/NPA) au conseil municipal de Bordeaux, dont il ne fait plus partie à ce jour.

Lola

Étudiante aux beaux arts de Bayonne en 2018, Lola, qui a 19 ans au moment des faits, manifeste pour s’opposer à l’organisation du G7. Elle reçoit une balle de LBD en riposte, après qu'un manifestant ait jeté une crotte de chien sur les forces de l'ordre.

Rudy Burbant : « C'est la force du mot, écrit en caractère gras au dos du livre, qui vient percuter l’œil, à l'instar du jour de l’événement, de celui des regards portés sur soi, des conséquences personnelles ... Je trouve que le mot est plus fort au singulier. »

Jérémy

Quai Wilson à Nantes, la nuit du 21 juin 2019, Jérémy, s'y rend après le travail pour célébrer la fête de la musique, où des Sound Systems avaient pris place pour la soirée. Aujourd'hui, c'est un endroit symbolique pour Rudy Burbant (car nantais). Jérémy n'a pas été physiquement mutilé, mais traumatisé à l'intérieur, suite à un épisode tragique provoquant la mort de Steve Maïa Caniço. Après une charge de la police (gaz lacrymogène, tir de LBD), il se retrouve dans l'eau accroché à une corde, avec plusieurs autres personnes, après être tombé dans la Loire.

Revenir sur les lieux traumatiques a un sens. Cela peut aussi être source d'angoisses et quelque fois impossible à faire. Rudy Burbant raconte « qu'il trouvait important de l'amener ici, vis-à-vis de son rapport à la Loire depuis ce moment là. Puisqu'il a passé toute sa vie pas loin de ce fleuve. Puis l'idée aussi, c'était de ne pas faire en sorte que le fond prenne la place du portrait, que cela n'enlève pas la force du regard. »

Gwendal Leroy

L'objet qui se rapporte à Gwendal, ce sont ses lunettes avec des verres teintés pour apaiser les flux de lumières, suite à la perte de l'usage d'un œil, après avoir été éborgné. « A l'époque, cela lui permet également de cacher un peu ses marques, de mettre comme un voile et d'être plus en confiance avec les autres. » nous explique le photographe, car l’œil, c'est le visage.

A travers le portrait de Casti (supporter de foot), Rudy Burbant aborde la question des plaintes et démarches judiciaires : « Souvent les plaintes sont portées à l'encontre d'une personne en question dans les forces de l'ordre. Et lorsque l'identification a eu lieu, c'est possible d'intenter un procès, ce qui arrive extrêmement rarement. Il a obtenu un procès, mais les policiers et l'IGPN ont tordu les faits, en inversant la chronologie des événements, ce qui fait qu'il n'aura pas gain de cause à la fin. Puis, il a saisit le tribunal administratif ; en novembre 2018 il finit par obtenir une indemnisation. Par la suite il va s'investir auprès des Gilets Jaunes blessés. »

Quid de l'esthétisation de ces images ? Réplique du photographe : « je n'avais pas envie de montrer du sang, du feu, comme on a l'habitude d'en voir. Mais que l'image porte en elle-même une réflexion. Dans cette démarche, il y a une intention, celle de faire poser quelqu'un, d'en faire de belles photos. Les dix portraits nous regardent, à une époque où l'on parlait peu de ce sujet. En faisant face au déni, et à l'invisibilisation de ces gens là. Pour eux aussi, c'est quelque chose de fort ! Par rapport à leur propre image, ce sont des marques et traces qui n'étaient pas facile à montrer pour être photographié. D'autant plus que chaque personne n'est pas au même stade du deuil de sa mutilation. »

Le photographe évoque surtout son émotion : « Il y a eu beaucoup de choses, deux festivals de photographie. Ce qui compte c'est qu'il plaise aux dix personnes qui constituent les portraits du livre. L'objet, c'est un peu différent car un livre, c'est l'aboutissement d'une expression qui se veut juste et esthétique. Ce genre de travail, c'est ma pierre à l'édifice, pour ne pas oublier et garder en mémoire ces histoires. » Enfin, Rudy Burbant cite Maxime Sirvins (Reynié) de maintiendel'ordre.fr, Marion Guemas, autrice d'un rapport très documenté pour l'ACAT et l'observatoire toulousain des pratiques policières, qui ont beaucoup aidé l'auteur pour son travail.

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