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Green is the New Red. Comment la repression tue les écologistes d'Amérique Latine

Green is the New Red. Comment la repression tue les écologistes d'Amérique Latine

Des dictatures militaires d’Amérique latine à la transition écologique d’aujourd’hui, une ligne invisible relie les stratégies de domination des grandes puissances. Les fantomes de l'Opération Condor, ce plan secret des États-Unis pour éradiquer les opposants aux régimes autoritaires dans les années 1970-80, planent encore.

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Série
Invité(s)
Recalde Miranda Anna
Durée
Date
25/03/25
  • Brésil
  • Documentaire
  • Répression
  • Saison 09

A la frontière entre le Paraguay et le Brésil, on assassine toujours des défenseurs de la terre. Anna Recalde Miranda, avec son film De la guerre froide à la guerre verte, qui sort ce mercredi, met en lumière une continuité troublante : hier, la première multinationale de la répression s'abattait contre les militants et les alternatives politiques, aujourd’hui, toute transition écologique douce est saccagée par des géants de l'agro-business et des États qui perpétuent leur modèle d’exploitation.

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« Le Condor continue de voler » : à la frontière entre la mémoire et l'écologie, un documentaire coup de poing explore la guerre froide qui ne s’est jamais vraiment arrêtée.

À travers le regard d'Anna Recalde Miranda, documentariste née en Italie d’un père paraguayen, c’est toute l’Amérique latine qui remonte à la surface. Celle des dictatures et des disparus, celle des transitions bâclées, des terres volées, des défenseurs assassinés. Dans « Green is the New Red – De la guerre froide à la guerre verte », on découvre que si les ennemis ont changé de couleur, les méthodes de répression, elles, sont restées les mêmes. À l’écran, les tortures d’hier résonnent avec les exécutions d’aujourd’hui. Et c’est à en pleurer. Littéralement.

Le Condor n’est jamais mort

« L’Opération Condor continue de voler. » Cette phrase, qu’on entend dans la bouche d’un des témoins du film, claque comme un avertissement. Derrière le nom poétique d’un rapace se cachait un réseau continental de dictatures soutenu par les États-Unis pour traquer et éliminer les opposants. Et aujourd’hui ? La réalisatrice en dresse une filiation glaçante : ce ne sont plus les marxistes qui dérangent, ce sont les petits paysans, les communautés autochtones, les militants de la forêt. L’ennemi public n’est plus rouge, il est vert.

Le tchat s’enflamme à ce moment-là : « C’est sidérant ce qu’on apprend, on n’en parle jamais chez nous », écrit LudoBdx. Et effectivement, on reste scotché devant les images d’archives, les témoignages enragés, les silences aussi. Anna ne cherche pas l’effet, elle cherche la vérité.

Des dictatures à l’agro-business : un fil ininterrompu

La grande force du film et de l’échange  c’est de ne jamais s’arrêter à l’émotion. Il y a derrière la douleur un raisonnement. Le Paraguay est disséqué comme une maquette. Les terres confisquées par la dictature ? Jamais rendues. Les colons soutenus par Stroessner ? Toujours en place. « Ce vol de terre a été institutionnalisé », explique Miranda, « et les mêmes familles tiennent encore les rênes. » On est face à une contre-réforme agraire inversée, où la justice n’est qu’un lointain mirage.

À ce moment-là, on ne pouvait qu’être d’accord avec elle. Ce qu’elle décrit, c’est la cristallisation d’un pouvoir d’extraction, d’un néo-féodalisme climatique. Les États ne répriment pas malgré la démocratie, ils le font avec. C’est peut-être la révélation la plus brutale du film.

Une réalisatrice entre les mondes

L’un des temps forts de l’émission, c’est quand Anna parle d’elle. Son accent fluide, ses hésitations ponctuelles, tout rappelle une identité complexe, éclatée entre continents. Elle dit qu’elle habite en France depuis vingt ans, qu’elle a grandi en Italie, mais que c’est au Paraguay que bat son cœur politique. « Je ne suis pas une militante », précise-t-elle, « mais ce que j’ai vu là-bas m’a changée à vie. »

On sent que le sujet touche un point sensible. Elle ne surjoue rien, ne dramatise pas, elle incarne. La caméra devient alors un outil de réparation.Le tchat salue cette pudeur : « Merci de ne pas être dans le pathos », note SamiaL.

Hollywood, l’écran de fumée

Un autre moment saisissant : lorsque David Dufresne avoue sa méconnaissance de l’Opération Condor, qu’il ne connaît qu’à travers un vieux film hollywoodien. Anna ne  juge pas, mais elle relance. Le vrai Condor, c’est celui qui broie les vies dans le silence. Celui dont on tait les noms, dont on maquille les meurtres en accidents.

Et aujourd’hui encore, la logique sécuritaire habille la terreur économique. Quand des activistes écologistes sont abattus à la frontière du Brésil et du Paraguay, personne ne regarde. Ou alors trop tard.

Une esthétique de la preuve

Le film évite le piège du sensationnalisme. Anna Recalde Miranda mêle récits familiaux, archives judiciaires, témoignages de survivants, avec une précision clinique. Une scène montre une femme, archiviste, en pleurs devant des boîtes de documents le poids de l’impunité pèse sur chaque plan. Et en même temps, une colère sourde anime les visages. Comme si le passé avait été trop longtemps bâillonné.

« Ce que j’ai découvert sur place, personne n’en parle ici. Et pourtant, c’est la même histoire, encore et encore », lance-t-elle. C’est là que le film devient universel.

Le vert est la nouvelle menace

Derrière le titre anglais, « Green is the New Red », se cache une intuition percutante. L’écologie, à mesure qu’elle menace les intérêts des puissants, est criminalisée. Les militants sont étiquetés comme ennemis intérieurs. « On les accuse de vouloir ralentir le développement », soupire la réalisatrice, « mais c’est leur mode de vie, leur forêt, leur eau qu’on détruit. »

Une parole indispensable

Ce que l’émission donne à entendre, c’est une parole qui n’est pas seulement informée, elle est viscérale. Et ce n’est pas un hasard si le film a été produit par cinq structures, dans plusieurs pays. Comme si personne, seul, n’aurait pu porter ce fardeau. À la fin, le sentiment dominant est celui d’une dette : envers les morts, envers les témoins, envers cette jeune femme qui ose dire, qui ose filmer.

Avant dernière question du taulier:  «  A propos de fin, de finitude comme tu dis. Il y a à un moment donné, dans ton commentaire, une phrase qui m'a séché. "Une autre fin du monde est possible". Est-ce que je laisse la question ouverte?» La réponse est peut être dans le film s'avance l'invitée, citant Ailton Krenak et son livre Idées pour retarder la fin du monde.

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Pourquoi le titre "Green is the New Red" est-il si percutant ?

Parce qu’il résume une inversion : l’écologisme est aujourd’hui traité comme l’était le communisme durant la guerre froide comme un danger pour l’ordre établi.

Comment est traité le sujet de la dictature en Amérique Latine dans le film américain Les Trois Jours du Condor ?

(Three Days of the Condor, 1975 de par Sydney Pollack est un thriller paranoïaque emblématique des années 1970, avec Robert Redford dans le rôle d’un analyste de la CIA traqué après le massacre de ses collègues. Le film explore les dérives des services secrets américains, les manipulations internes et la méfiance croissante envers l’État à l’ère post-Watergate. Avec une tension constante et une atmosphère de suspicion, il incarne parfaitement l’esprit de défiance de l’époque.

En quoi la situation au Paraguay éclaire-t-elle d'autres réalités ?

Le Paraguay agit comme un miroir grossissant : accaparement de terres, violence d'État, impunité… Des dynamiques qu’on retrouve ailleurs, y compris en Europe.

Pourquoi ce documentaire est-il différent des autres sur l'écologie ?

Il ne parle pas d’environnement au sens large, mais de ceux qui le défendent et en meurent. Il documente une guerre sociale, pas un drame climatique.

Quel a été l'impact de  la dictature au Paraguay?

La dictature au Paraguay a duré de 1954 à 1989 sous le régime du général Alfredo Stroessner. Soutenu par les États-Unis dans le cadre de la lutte anticommuniste, son pouvoir s’est caractérisé par une répression brutale, la torture systématique et des milliers de disparus. Le régime a profité à une élite proche du pouvoir, notamment via une vaste redistribution illégale des terres. Malgré la fin officielle de la dictature, ses réseaux, ses privilèges et son impunité perdurent encore aujourd’hui.

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Cet article est le fruit d'un travail humain, d'une retranscription automatique de l'émission par notre AuBotPoste revue et corrigée par Rolland Grosso et la rédaction.

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