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Gaza : la trêve, la non-vie et maintenant la sidération Trump

Gaza : la trêve, la non-vie et maintenant la sidération Trump

Deux heures terribles avec l'ami Rami Abou Jamous, journaliste palestinien, en direct de la bande de Gaza. Deux heures denses, profondes, bouleversantes.

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Série
Invité(s)
Jamous Rami Abou
Durée
Date
05/02/25
  • International
  • Gaza
  • Israël
  • Palestine
  • Trump
  • Saison 09
  • Best of

Palestine, et maintenant? On s’était parlé il y a un peu moins de deux mois. Le journaliste Rami Abou Jamous, double lauréat du prix Bayeux pour son journal de bord publié par Orient XXI et Libertalia, avait témoigné de l’enfer à Gaza, les bombes, les drones, la faim qui tord, le froid qui transperce, le tabac hors de prix, les mensonges, et les histoires qu’il faut raconter aux enfants pour qu’ils puissent rester des enfants. De sa vie avec sa femme Sabah, les enfants de celle-ci, et leur fils Walid, deux ans et demi.Aujourd’hui, faute de charettes, Rami est venu à pied depuis chez lui pour se rendre à sa Maison de la presse, et nous parler. Pendant deux heures. De la trêve, et de la panique juste avant le cessez-le-feu, des otages, du Hamas, de la «non-vie» après les mois de mort. Et puis, bien sûr, des plans extravagants de Trump, annoncés dans la nuit. A la fin, il nous demande simplement ceci: laissez votre humanité parler. Tout est dit.Merci à toutes et tous de nous rejoindre.

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Passer de la mort à la « non-vie »

Il fut fixeur pour les journalistes occidentaux. Il a fondé GazaPress, un bureau d’aide et de traduction. Son journal de bord a été publié par Libertalia et a reçu le prix Bayeux. Rami Abou Jamous consacre sa vie à nous rendre compte de la réalité vécue à Gaza, de la réalité d’un génocide. Toutes les semaines, il publie un billet sur Orient XXI pour nous tenir au courant de la situation.

Après le cessez-le-feu, 1,6 million de Palestiniens déplacés peuvent rentrer chez eux au nord de la bande de Gaza, à Gaza-Ville, là où se trouvait la majorité de la population gazaouie. Deux possibilités s’offrent à eux : rentrer à pied par la route côtière, ou en voiture en présence de deux compagnies américaines et d’une commission qataro-égyptienne pour la fouille. La plupart des personnes se sont dirigées vers leurs anciennes habitations pour se retrouver dans une ville dont 85% des habitations ont été détruites. Entre les ruines et les décombres, certains ne reconnaissaient même plus leur habitat. Rami, sa femme Sabah et leur fils Walid ont préféré attendre dans leur campement à Deir-el-Balah avant de prendre la route, l’accouchement de Sabah étant prévu à la mi-février. Par miracle, leur immeuble n’a pas été démoli par les bombes. En revanche, les citernes d’eau ont disparu et les fenêtres ont sauté. Les canalisations et stations d’épuration on été bombardées, tout comme les rues et les infrastructures. Il n’y a plus d’école, de jardin d’enfants ni d’universités. La période de mort a laissé place à une période de « non-vie », selon les termes du journaliste.

Cette destruction ne se limite pas à Gaza-Ville. Les terres agricoles du Sud de la bande, dont la fertilité accordait à la population une certaine autonomie alimentaire, ont elles aussi été terrassées. Les habitants, qui ont tous vu leurs commerces détruits et à présent sans travail, sont à présent totalement dépendants de l’aide humanitaire. Celle-ci est réduite à 600 camions par jour, dont 300 au Nord tenus par le secteur privé, c’est-à-dire par une dizaine de commerçants palestiniens choisis par des Israéliens et qui ont le monopole de l’importation. Certains commerçants, qui détiennent un compte en banque hors de Gaza, profitent de l’impossibilité pour les gens de retirer de l’argent à cause de la fermeture de leurs banques. Ces commerçants font alors office de distributeurs de billets en prenant une commission de 30% à chaque transaction.

S’accrocher à une brindille

Rami Abou Jamous se dit reconnaissant d’avoir un peu d’argent grâce à son travail, ce qui lui permet contrairement à beaucoup de ses amis de faire briller les yeux de son fils à la vue d’un  morceau de poulet ou d’une tablette de chocolat. La brindille à laquelle s’accroche le journaliste et père de famille, c’est la mission qu’il s’est donnée de protéger Walid des traumatismes de la guerre en lui cachant la vraie nature des évènements, tel Roberto Begnini dans son film La Vie est belle. Les bombardements deviennent des feux d’artifice, leur tente devient une villa. Mais le petit grandit, il se fait des amis et commence à construire son propre regard. Les cris et les visages apeurés ne lui sont pas étrangers. Un autre enfant, qui n’a pas eu la chance d’être préservé des horreurs de la guerre, se gifle à l’écoute de chaque détonation.

Trois jours avant le cessez-le-feu annoncé par Donald Trump, que Benyamin Netanyahou a tout intérêt à écouter, les bombardements se sont intensifiés et certains Palestiniens ont vu leur quartier rasé en l’espace d’une journée. Ce furent parmi les moments les plus difficiles de l’année pour les personnes qui se faisaient une joie de rentrer chez eux, avant de voir quelques heures après les photos des décombres de leur maison.

« Le Hamas fait partie de la stratégie d’Israël »

Lors de la libération d’otages israéliens, retransmise en direct sur les chaînes israéliennes (quatre échanges ont eu lieu à l’heure de l’émission), le Hamas ne se prive pas de mise en scène. Le message est clairement adressé à Netanyahou, l’armée et la population israéliennes. Des mots sont écrits en hébreu, les otages sont équipés d’un collier illustré d’une carte de la Palestine, un bracelet où figure le drapeau, les mêmes jeeps ayant servi aux attaques du 7 octobre sont présentes, les soldats du Hamas sont en uniforme. Ces derniers tiennent le fusil israélien Tavor. Leur message derrière tout ça, c’est « On est toujours là ». Les échanges se font à plusieurs endroits, dont Jabalia, et Khan Younès. Lors de la libération des trois soldates israéliennes, le Hamas a fait sortir ces dernières des décombres, ce qui a rendu la société israélienne furieuse, reprochant à leur propre armée d’avoir, pendant 14 mois, bombardé les lieux où elles étaient tenues prisonnières. D’ailleurs, pour le journaliste, il est injuste de faire une distinction entre les supposés « otages » israéliens et les « prisonniers » palestiniens, à partir du moment où ces derniers ont été kidnappés par l’armée israélienne et emprisonnés sans passer par un tribunal. Ces détenus sont torturés et sortent avec de nombreuses séquelles.

Lorsqu’on lui demande son opinion sur le Hamas, Rami Abou Jamous répond que c’est un mal et qu’il a toujours préféré la résistance populaire à la résistance militaire. Mais le Hamas est un mal voulu par l’extrême-droite israélienne. Derrière les attentats terroristes se cache en réalité un groupe qui n’a aucun moyen concret de mener une vraie politique intérieure, et qui fait intégralement partie de la stratégie d’occupation d’Israël. L’Autorité palestinienne, en tension avec le Hamas, s’est vue refuser par Israël leur entrée dans la bande de Gaza suite à leur proposition d’aider à la reconstruction.

Trump ou le projet de déportation

La plupart des Gazaouis n’auront plus la force de résister et seront dans l’obligation de partir. Cette déportation sera qualifiée de « migration volontaire » par le narratif israélien. Ainsi se perpétue la tentative d’expulsion de la population palestinienne déjà effectuée en 1948. Si cela marche bien à Gaza, cela peut également fonctionner en Cisjordanie. Les habitants de Cisjordanie se réfugieraient en Jordanie et ceux de Gaza en Égypte.

Trump avec son orgueil se moque des Nations Unies. S’il n’est pas un homme de guerre, il mène une guerre à sa manière. Selon le journaliste, la déportation des 2 millions d’hommes, de femmes et d’enfants ne se fera pas d’une traite mais pourrait s’opérer pas à pas en offrant des milliards aux pays voisins. Cette éventualité est masquée par les médias qui préfèrent le terme d’ « évacuation » à celui de « nettoyage ethnique ». Mais Rami Abou Jamous insiste, le meilleur moyen d’aider les Palestiniens est de parler d’eux partout autour de nous.

Cinq questions-clé

Où se situe Gaza ?

La bande de Gaza est une région occupée et enclavée par Israël, située sur la côte orientale de la mer Méditerranée. Elle fait partie des territoires palestiniens, mais elle est distincte de la Cisjordanie, une autre partie des territoires palestiniens située à l’est d’Israël. Gaza est administrée principalement par le Hamas depuis 2007, après un conflit avec le Fatah.

Que s’est-il passé le 7 octobre 2023 ?

Le Hamas, groupe islamiste palestinien au pouvoir dans la bande de Gaza, a lancé une attaque surprise contre Israël. Ce dernier a rapidement déclaré l’état de guerre et lancé des frappes aériennes massives sur la bande de Gaza en ciblant des installations du Hamas, mais également des zones densément peuplées. Perpétrant une crise humanitaire profonde, Israël est accusé par l’ONU de génocide.

Qu’est-ce qu’un camp de fortune ?

Un camp de fortune est un lieu temporaire d’hébergement, généralement créé rapidement pour répondre à des situations d’urgence. Ces camps sont souvent installés dans des conditions rudimentaires et improvisées, en l’absence d’infrastructures adaptées. Ils peuvent être utilisés pour abriter des personnes déplacées, des réfugiés, ou des survivants d’une catastrophe naturelle ou d’un conflit. Il existe officiellement 58 camps de réfugiés palestiniens reconnus par l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient).

Quand a eu lieu la trêve à Gaza ?

Le 15 janvier 2025, un accord de trêve a été annoncé entre Israël et le Hamas, prévoyant un cessez-le-feu immédiat et la libération progressive de 33 détenus israéliens en échange de plusieurs détenus palestiniens. Cette trêve, négociée par le Qatar, l'Égypte et les États-Unis, vise à mettre fin à un conflit qui a débuté en octobre 2023, causant des dizaines de milliers de morts et des destructions massives dans la bande de Gaza.

Quel projet a été annoncé par Donald Trump ?

Le mardi 4 février 2025, le président américain a annoncé auprès du premier ministre israélien soutenir le déplacement forcé de 2 millions de Palestiniens hors de Gaza, actuellement ravagée. Il compte également prendre le contrôle de la bande de Gaza pour la transformer en « riviera du Proche-Orient ».

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