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Gaza devant l'Histoire, avec Enzo Traverso

Gaza devant l'Histoire, avec Enzo Traverso

Quand les mots ne font plus sens, l’Histoire vient nous en donner. Au Poste a la joie de recevoir l’éminent historien italien Enzo Traverso, observateur des politiques de la mémoire et du totalitarisme, traduit dans 15 langues. Il vient avec son ouvrage Gaza face à l’Histoire (Lux), court, incisif, déroutant parfois, dissonant souvent. Un livre en situation, comme il dit.

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Série
Invité(s)
Traverso Enzo
Durée
Date
02/10/24
  • International
  • Antisémitisme
  • Gaza
  • Mémoire
  • Palestine
  • Saison 08

Comment regarder, ou ne pas regarder, la destruction de Gaza depuis bientôt un an ? Qui parle de riposte, d’éradication, ou processus génocidaire, et pourquoi ?

Le dernier ouvrage de Traverso sonne comme un plaidoyer pour s’affranchir du récit orientaliste dominant. Il nous invitant à penser l’histoire de ces mots : «antisémitisme», «sionisme», «génocide», «terrorisme», «raison d’Etat». Il refuse la caution d’un génocide au nom de la lutte contre l’antisémitisme.

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Il apparaît à l’écran, chez lui, entouré de ses livres. Enzo Traverso se presse de faire de la place avant de revenir à sa table. En live depuis l’État de New York, l’enseignant à l’université de Cornell vient partager son point de vue 'dissonant'. Il n’est pas spécialiste du Proche-Orient. Il s’est senti interpellé par l’arsenal conceptuel et le lexique du XXe siècle déployés par le conflit. Ça, c’est son domaine. Enchaîner une longue série d’analogies, aussi.

Des violences légitimes

L’historien ne cache pas ses convictions de gauche et adopte une position claire sur le Hamas. Il condamne l’attaque du sept octobre, qui visait des civils et qui, à ses yeux, a nui à la cause palestinienne. Mais concernant l’appartenance du Hamas à la résistance, il n’y a «aucun doute».

Il questionne l’analogie avec la Seconde Guerre mondiale introduite dès le sept octobre. « Le premier commentaire a été : "C’est le plus grand pogrom de l’histoire après l’Holocauste" », témoigne-t-il. Or, « les pogroms étaient une violence systémique contre une minorité opprimée, juive ». À l’inverse, il voit dans le sept octobre, « la violence d’une minorité opprimée contre le pouvoir qui l’opprime ». Même au sens d’une 'violence extrême contre un groupe', l’État d’Israël « est beaucoup plus 'pogromiste' que ne l’ont été les Palestiniens. »

Un projet colonial

Entre deux bugs visuels à l’écran, Enzo Traverso raconte des émissions radio dans lesquelles on ne pouvait évoquer le sept octobre sans rajouter le terme "barbare". Par opposition, Israël est désigné comme "la seule démocratie du Proche-Orient." Cette perception des valeurs a un nom, l’orientalisme.

Une partie de l’opinion palestinienne s’est réjouie du 7 octobre. Enzo Traverso parle d’hétéropathie pour essayer de la comprendre. L’historien, qui en prend acte, tente de se mettre dans la tête des acteurs de l’Histoire quels qu’ils soient. Du point de vue des Palestiniens, pour une fois, l'effroi, l'impuissance, la peur et l'humiliation avaient changé de camp.Aujourd'hui, le discours est similaire à celui de l’époque coloniale. « Bien sûr qu’il y a des victimes palestiniennes, mais c’est la conséquence inéluctable de la défense des grandes valeurs de la civilisation », ironise le spécialiste. Israël émerge d’un moment où la conception de l’État en Europe était avant tout nationaliste.

Un paradoxe pour les extrêmes droites

Israël a pu devenir un objet d’identification occidental et a obtenu un soutien de l’extrême droite « parce que cette extrême droite a trouvé d’autres cibles », appuie Enzo Traverso. Il emprunte le concept de "ligne de couleur", en fonction de laquelle une minorité est considérée ou non comme blanche. Selon lui, les Juifs en Europe l’ont aujourd’hui franchie.

La civilisation est maintenant définie comme "judéo-chrétienne", tandis que pour l’extrême droite, le "virus corrupteur", le "cancer de la nation", c’est l’islam. Dans le même temps, en soutenant Israël, l'extrême droite se légitime comme une force de gouvernement en Europe.

L’historien conclut par une ultime comparaison : l’accusation de terrorisme a toujours été adressée aux mouvements de libération. D’ailleurs, « l’accusation de terrorisme était très courante dans la propagande fasciste et nazie contre la résistance ». Mais méfiance toutefois avec les analogies, « l’Histoire ne se répète pas », comme il dit.

Trois questions clés

Quelles sont les origines de Frères d’Italie, le parti de Giorgia Meloni ?

Frères d’Italie (Fratelli d’Italia) est un parti politique italien d’extrême droite, dirigé par l’actuelle présidente du Conseil des ministres, Giorgia Meloni. Il se veut le successeur du Mouvement social italien, autre parti d’extrême droite fondé en 1946 à la suite de l’interdiction du Parti national fasciste de Benito Mussolini. Il est qualifié de post-fasciste.

Qu’est-ce que le post-fascisme ?

Le terme de post-fascisme défini à l’origine les partis d’extrême droite italiens d’après-guerre. Ayant renoncé au totalitarisme, ils tentent de s’insérer dans les partis de la droite traditionnelle, sans renier leurs origines fascistes.

Qu’est-ce que le terrorisme ? 

Le terrorisme est en principe défini comme l’emploi de la terreur à des fins idéologiques, religieuses ou politiques. Les définitions varient, le concept étant souvent utilisé pour désigner un adversaire lors d’un conflit. Comme l’historien Enzo Traverso le rappelle, certains groupes, y compris de résistants pendant la Seconde Guerre mondiale, s’en sont revendiqués.

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