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État des lieux des prisons : une honte Française

État des lieux des prisons : une honte Française

Il y a les polémiques à la con, les kartings de la pensée-minute, et il y a la réalité des geôles françaises. Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, une amie, de longue date, est venue nous raconter ce qu’elle sait, ce qu’elle voit, et ce qu’elle entrevoit. Comme elle sait faire : toujours franche, et sincère. Au Poste, elle a tenu un discours qui tranche. Un discours courageux. Un discours fort.

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Série
Invité(s)
Simonnot Dominique
Durée
Date
20/09/22
  • Saison 04
  • Prison

Le 5 octobre 2020, Dominique Simonnot a été nommée par Emmanuel Macron (elle nous dira comment, en fin d'entretien) contrôleuse générale des lieux de privation de liberté. Une nomination comme un retour aux sources :  Dominique Simonnot a commencé sa carrière d'éducatrice à l'Administration pénitentiaire entre 1979 et 1991. Elle devient journaliste spécialisée police/justice à Libération, puis au Canard Enchainé.  Invitée suite à la polémique suscitée par la diffusion d'une vidéo de prévenus de Fresnes conduisant un kart, elle nous livre son avis sur les réactions outrées des uns et des autres.

Dominique Simonnot pointe l'hypocrisie des responsables politiques, incapables d'appliquer le Droit en prison. La surpopulation carcérale impose aux détenus un espace de vie de quelques mètres carrés. La loi dit que l'Administration Pénitentiaire doit offrir aux détenus des activités récréatives et intellectuelles.Vœux pieux.

La contrôleuse poursuit: «Tout un tas de gens ne comprennent pas pourquoi existent ces activités, en quoi elles sont importantes, utiles, nécessaires». Elle rappelle que si la prison est faite pour punir, elle doit également  réinsérer. Pour cela, il faut apprendre aux détenus à lire, à écrire, à se conduire. Ou encore : un métier. Seulement voilà : les moyens manquent. L'espace manque: pour 60 000 places de prison en France, il y a 72 000 détenus. Elle rappelle les condamnations permanentes de la France par la Cour européenne des droits de l'homme pour sa surpopulation carcérale.

Une surpopulation carcérale qui met en danger les détenus, mais aussi les surveillants pénitentiaires. Dans certaines maisons d'arrêt, ils sont 1 surveillant pour 150 détenus au lieu de 1 pour 50 détenus. Cette situation provoque une grande détresse dans la profession et un taux d'absentéisme important. La pression subie par les surveillants rejaillit sur les détenus qui comprennent cette surcharge de travail.

La nouvelle configuration politique de l'Assemblée Nationale peut-elle réguler la situation et améliorer les conditions de détention ? Dominique Simonnot esquisse un sourire.

La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté nous le confirme. Elle déplore les bas instincts de vengeance. Elle évoque ensuite ces ateliers de travail,  et la rémunération à la tâche qui, bien que prohibée, est encore pratiquée. Ces cas sont signalés. De nombreux dysfonctionnements ont d'ailleurs été constatés en maison de détention, notamment dans le traitement des prisonniers âgés ou malades. Dominique Simonnot cite l'exemple d'une unité sans médecin, avec une infirmière qui passe une ou deux fois par semaine à la place de la visite quotidienne prévue.

Pour la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, son rôle est d'offrir un regard extérieur sur les conditions de détention. De nourrir le débat. Et s'il n'est pas possible de résoudre tous les problèmes, changer les choses l'est. Faire fixer un miroir et une horloge dans les cellules, par exemple, améliore la vie des détenus. Ces actions sont certes locales, mais ô combien importantes. Quant à l'Administration Pénitentiaire, elle fait actuellement face à deux grandes questions, que la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté alimente :

Dominique Simonnot note l'effort des parlementaires d'user de leur droit de visite des prisons et déplore son non-usage par la magistrature, qui invoque un « manque de temps ».

Lors de l'entretien fusent les sujets. La comparution immédiate, principale pourvoyeuse de cellule ? Elle juge qu'elle s'apparente à une justice expéditive. Les centres de rétention administrative ?  Une zone grise: « ce sont des endroits où l'on enferme les sans papiers,  frappés d'une interdiction du territoire ou d'une obligation de quitter le territoire, pendant 3 mois avant leur expulsion. S'ils refusent d'embarquer, ils écopent de deux à trois mois de prison. Ils retournent après leur peine dans le centre et si le même refus se produit, ils prennent un peu plus de prison et ainsi de suite. Ce cercle vicieux extrêmement choquant est parfaitement assumé par le gouvernement ». Les bonnes pratiques à l'étranger ? Dominique Simonnot prend exemple sur l'Allemagne : avec 20 millions d'habitants de plus que la France, le pays compte 13 000 détenus de moins. « Il faut privilégier les sanctions hors les murs », conclut la Contrôleuse.

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