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Doléances !

Doléances !

Trois périodes différentes, mais à chaque fois, des cahiers de Doléances. Des lignes et des lignes d’espoirs comme de colères, d’idées, de bouts de vie aussi. Pour ce nouvel épisode du Passé faisons table basse, Mathilde Larrère convoque trois connaisseurs de ces cahiers, chacun dans leur époque. 

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Série
Du passé, faisons table basse
Invité(s)
Desplanques Hélène, Mazeau Guillaume, Pigenet Michel
Durée
Date
13/11/24
  • Documentaire
  • Gilets Jaunes
  • Résistance
  • Saison 08
  • Révolution
  • République

Pour en parler, Guillaume Mazeau, historien de la Révolution française, Michel Pigenet, historien des mouvements sociaux, auteur d’un livre passionnant sur les États généraux de 1945, et Hélène Desplanques, autrice et réalisatrice d’un documentaire nécessaire sur les cahiers de 2019: Les Doléances. À travers, tous trois racontent les aspirations du corps social.

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Un contexte de crise

Quelle que soit l’année, ces cahiers ont tous été rédigés dans un contexte de crise longue, systémique. En 1789, comme le rappelle Guillaume Mazeau, le roi, contesté, convoque les États généraux. Le Tiers États, le clergé et la noblesse se réunissent et rédigent des Doléances.

En 1945, selon Michel Pigenet, c’est le besoin d’une nouvelle république qui fait la différence. Des comités locaux, sous la coupe du Conseil national de la Résistance, se réunissent en États généraux, avec là aussi la rédaction de cahiers de Doléances.

Pour Hélène Desplanques, ces cahiers ont pénétré l’imaginaire français: « On voit que les symboles perdurent. » Puisque c’est ici que la démocratie se construisait, les premiers cahiers de 2019 sont nés sur les ronds-points. Des maires ruraux ont très vite suivi: citoyens et citoyennes sont invité-es à déposer leurs doléances en mairie. L’expérience prend. Quelques jours après, poursuit la réalisatrice, « Macron va lancer le grand débat national ».

« Ça bouge, ça discute, ça combat »

Guillaume Mazeau revient aux origines de ce patrimoine, qu’il n’idéalise pas. En 1789, les doléances s’attachent d’ailleurs à la préservation des privilèges, souvenir d’une prétendue stabilité passée dans une société à la dérive. Les cahiers de 1945 ne sont pas non plus le reflet d’une liberté totale. Michel Pigenet le précise: « Ils vont prendre le programme du CNR pour orienter les discussions ».

Quand Hélène Desplanques se lance dans l’étude des cahiers de 2019, elle fait un constat: « Il y a beaucoup d’espérance, mais aussi la conscience que ça ne va pas être lu ni diffusé ». Si l’initiative part de l’Élysée, l’appropriation sur le terrain est massive. Ils portent tous types de noms, tous types de formes. Chacun se débrouille. Pour la connaisseuse, « le seul truc commun, c’est le tampon de la mairie à la fin ».

« Faisons-le nous-mêmes »

Cinq ans après, le compte-rendu des cahiers se fait attendre. Avec d’autres, Hélène Desplanques souhaite rendre les cahiers publics. Dans les faits, ils ne sont pas sous verrous. Mais en l’absence de communication du gouvernement sur leur accessibilité, rares sont ceux qui savent et font la démarche d’aller les trouver. Souvent, elle est la seule. Il y avait pourtant une promesse faite par le gouvernement, celle de les numériser pour les publier en accès libre. Mais puisque personne ne les réclame, ils se font oublier.

« Ce qui rassemble dans les cahiers de Doléances, c’est qu’on est au-delà de la politique partisane », témoigne Hélène Desplanques. Le souvenir des cahiers des gilets jaunes n’est pas encore mort. Avec une vingtaine de groupes locaux, elle a entrepris à l’échelle départementale d’aller consulter les archives pour commencer leur numérisation : « On va arrêter d’attendre que l’État le fasse. Faisons-le nous-mêmes ».

Qu’est-ce qu’un cahier de doléances ?

Sur la forme, les cahiers de Doléances sont divers. Ils sont longs, courts, rédigés ou sous forme de listes. Ils retranscrivent des idées, des plaintes, des espoirs, des cris ou des témoignages en tous genres. Sur le fond, tous ont pour objet des revendications ou des plaintes à l’attention d’un-e dirigeant-e ou d’une institution.

En 1789, les cahiers de Doléances étaient-ils révolutionnaires ?

Un imprévu au planning. Le jour prévu par l’Élysée pour la prise de parole d’Emmanuel Macron au sujet des cahiers de Doléances et du grand débat national, Notre-Dame de Paris s’est enflammée. Cinq ans après, en l’absence de réponse, des collectifs demandent la mise en ligne en accès libre des cahiers.

Pourquoi Emmanuel Macron n’a-t-il jamais dressé le bilan de ces cahiers, contrairement à ce qui était annoncé ?

Guillaume Mazeau s’attache à montrer que lors de la révolution de 1789, les cahiers de Doléances n’étaient pas révolutionnaires. À l’inverse, nombre de contributions montrent un désir de retour aux privilèges d’antan. Au-delà de la noblesse, certains corps de métiers bénéficiaient encore d’avantages propres à leurs professions. Dans un contexte de crise durable, ce retour en arrière était perçu comme salutaire.

Le nom de cahier de Doléances est parfois remis en question de parts et d’autres de l’échiquier politique. Pourquoi ?

Emmanuel Macron, lorsqu’il les annonce, refuse le terme de cahiers de Doléances. Lui parle de « cahiers de droits et de devoirs », pour les dissocier de ceux, connotés, de 1789. À gauche aussi, certains tentent de s’en distinguer. Michel Pigenet rappelle des réticences de communistes : ils préfèreraient 'cahier de vœux', parce qu’il faut se projeter, il ne faut pas juste consigner ce qui ne va pas. Le mot de 'doléances' est associé à la plainte. Il relègue le peuple dans une position de demandeur, qui ne sait pas agir.

Quelle légitimité avait le CNR pour organiser des États généraux ?

Résistance reconnaît la légitimité du gouvernement provisoire, qui l’a lui renié, n’ayant plus d’utilité. Fort d’un soutien populaire, le CNR a des revendications et entend peser sur les décisions politiques. Des élections ne pouvant pas avoir lieu dans l’immédiat, la convocation des États généraux, avec la rédaction de cahiers de Doléances doivent jouer leur rôle démocratique.

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