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Cinéma français : sa crise, ses luttes. Avec la Société des réalisatrices et réalisateurs de films

Cinéma français : sa crise, ses luttes. Avec la Société des réalisatrices et réalisateurs de films

Le cinéma d’auteurs et d’autrices est à la croisée des chemins. Entre financements, bataille politique, écologie et lutte contre les violences sexistes et sexuelles, la SRF, Société des réalisatrices et réalisateurs de films, tente de reprendre en main à son échelle le cinéma français.

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Série
Invité(s)
Barraud Antoine, Cognet Christophe, Jonniaux Elisabeth
Durée
Date
14/11/24
  • Censure
  • Ecologie
  • Précarité
  • Saison 08
  • Violences sexuelles

Ce 14 novembre, Au Poste a convoqué trois de ces réalisateurs·ices français·es en lutte: Antoine Barraud, Christophe Cognet et Élisabeth Jonniaux.« On n'est plutôt pas à droite ». Christophe Cognet présente la SRF, qui regroupe un peu plus de 450 cinéastes, issus·es de tous les genres et de tous les formats de production. « On est là pour défendre la liberté de création et de diffusion des œuvres ».

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Les cinéastes: souvent précaires

Pour Élisabeth Jonniaux, il faut commencer par rétablir des vérités. Loin de l’image du créatif nanti, les cinéastes sont un corps touché par la précarité de leur industrie. Elle annonce que « 75% des auteur·ices gagnent moins de 10 000€ par an de revenu d’auteurs ». Seuls 10% des restants atteindraient le revenu médian des Français situé à 24 330€ annuels (Insee, 2022).

En cause, le mode de rémunération. Les auteurs·ices sont rémunérés·es en droits d’auteur. En d’autres termes, hormis certains qui touchent des avances, la plupart ne sont rémunérés qu’une fois l’œuvre achevée. Or « énormément de films écrits et travaillés pendant des années... ne se font pas. Auquel cas, ils ne génèreront pas de droits d’auteur » souligne Antoine Barraud. Le droit d’auteur, souvent cité en exemple de protection de la création, protège l’œuvre, mais pas les travailleurs. Pour Élisabeth Jonniaux « il y a donc un impensé, c’est le travail de l’auteur ».

Des raids de la fachosphère

Dans le cinéma français, les films sont financés pour une part par l’argent public, d’autre part par l’argent privé. Le fonds du CNC est approvisionné par une taxe prélevée sur le billet d’entrée des spectateurs du cinéma. « Plus il y a d’entrées, plus il y a d’argent », poursuit Christophe Cognet. Pour le reste, les cinéastes dépendent surtout des financements privés, Canal+ en tête.

Selon les trois réalisateur.ices, jusqu’ici, l’influence de Vincent Bolloré n’aurait pas encore fait pencher la production de films plus à droite. Mais le groupe a la main pour imposer ses propres critères de sélection. Les autres financements, indirectement liés à des banques, soulèvent aussi des doutes pour Antoine Barraud : « Pour un réalisateur avec une démarche écologique, ça peut poser un problème ». Restent les régions, qui financent, elles aussi, le cinéma.

Un facteur aggravant est le harcèlement sur internet. Sur Allociné, des hordes de commentaires haineux pilotés par l’extrême droite dissuadent les spectateurs d’aller voir certains films. Or, selon Christophe Cognet, « le principal critère pour que les gens aillent ou non au ciné, c'est la note Allociné ». Face à la baisse du nombre d’entrées, ce sont in fine les investisseurs qui sont tentés de moins encourager ces films et de générer l’autocensure des réalisateur.ices. Pour tenter d’endiguer la menace, la SRF a demandé à Allociné de n'autoriser que les commentaires sur présentation de preuve d’achat de billet.

L’extrême droite, qui pèse de plus en plus lourd en Régions sur les choix de financement des productions de films s’appuie sur deux autres moments clés pour faire pression sur les créateurs. D’abord lors de la programmation des salles de cinéma: « une pression est exercée sur les programmateurs pour qu’ils passent tel type de film et pas tel autre », témoigne Christophe Cognet. Enfin, ils sont présents dans les comités de classification des films: « il y a une politique d’entrisme très assumée et très explicite de l’extrême droite. Ils tentent d’influencer pour faire passer des films tous publics en interdits au moins de douze, seize ou dix-huit ans, ce qui n’aurait pas été le cas sinon », termine-t-il.

«Allez vous faire foutre !»

La SRF s’engage également contre les violences sexistes et sexuelles. La société déplore une aberration encore en cours jusqu'à récemment: les formations contre les VSS étaient obligatoires, sauf pour... les cinéastes. Mais ils ne sont pas les seuls détenteurs d’un pouvoir : « On a plusieurs cas de femmes, en particulier, qui ont été violentées par leur producteur », révèle Christophe Cognet.

Et puis, il y a l’écologie: la décorbonation du cinéma. « L’audiovisuel est la 61e industrie la plus polluante, les cinéastes sont extrêmement en retard » reconnait Barraud, auteur d’un podcast à ce sujet: L'écologie et la pratique du cinéma. Il faut prendre des décisions, mais certains cinéastes craignent que leur liberté de création soit entamée. À cela, Antoine Barraud a une réponse: « Les tournages ne sont qu’une succession de contraintes. Pourquoi pas celle-là ? ».

Cinq questions clés

Qu’est-ce que le droit d’auteur ?

Selon l’URSSAF, 354 000 personnes en France bénéficient du statut d’artiste-auteur. La grande majorité d’entre eux sont écrivains, mais peuvent aussi être plasticiens, chorégraphes, cinéastes… La propriété intellectuelle s’applique à des créations de l’ordre de l’esprit, matérialisées par une œuvre. Le droit d’auteur protège celle-ci de toute altération et permet à son auteur de toucher des droits, en fonction de la représentation et de la reproduction de l’œuvre. Ce droit dure jusqu’à 70 ans après la mort de l’auteur, l’œuvre tombant ensuite dans le domaine public.

Qu’est-ce que la SRF ?

La Société des réalisatrices et réalisateurs de films est une association de cinéastes. Son objectif, depuis 1968, est selon son propre site de « défendre les libertés artistiques, morales et les intérêts professionnels et économiques de la création cinématographique et de participer à l'élaboration de nouvelles structures du cinéma ».

D’où viennent ces raids de commentaires haineux subis par Allociné ?

Dans son communiqué sur le sujet, la Société des réalisatrices et réalisateurs de films souligne ce qui se joue derrière ces raids: une offensive de la fachosphère contre les libertés de création et d’expression, la liberté du récit. Ces tentatives d’intimidation, dont a été victime comme d’autres Mehdi Fikri pour son film « Avant que les flammes ne s’éteignent », ont un impact certain sur les entrées que réalisent ces films au cinéma. Ces campagnes de dénigrement sont relayées sur les réseaux sociaux et par certains médias comme CNews.

De quoi parle le podcast L'écologie et la pratique du cinéma d’Antoine Barraud ?

Dans ce podcast en six épisodes, le réalisateur et son confrère Jonathan Schupak s’interrogent sur la pratique du cinéma. Estimant la question écologique délaissée au nom de la liberté de création par les cinéastes, ils constatent que le sujet a été plus assimilé par les autres corps de métiers du cinéma, déjà engagés dans une démarche plus écoresponsable. Ensemble, ils s’interrogent sur l’intégration de pratiques plus durables dans l’exercice de leur métier.

Quelle est la part du cinéma subventionnée par Canal+ ?

Les investissements sont en hausse dans le cinéma français: il aurait augmenté de 13,6% en 2023, selon le CNC. Canal+ est le premier financeur de la production audiovisuelle en France. Sur les 1,34 milliard d’euros que représentent ces financements, le groupe Canal+ subventionne à lui seul 154 millions d’euros. À cela, il faut ajouter 17 millions investis par OCS, maintenant aussi détenu par Vincent Bolloré.

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