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Casquette SS à la Préfecture de Police de Paris, tatouage nazi à la municipale d’Orléans : les fachos ne se cachent plus

Casquette SS à la Préfecture de Police de Paris, tatouage nazi à la municipale d’Orléans : les fachos ne se cachent plus

Le culte nazi gagne désormais la police. Cas d’école révélés par Au Poste : le chauffeur d’un ponte de la police judiciaire parisienne qui exhibe une casquette SS dans son bureau et un policier municipal arborant un tatouage « Soleil Noir ». MAJ : suite à nos révélations, la justice ouvre une enquête à Orléans

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Série
Enquêtes & Reportages
Durée
Date
11/05/24
  • Police
  • Extrême-droite
  • Nazi
  • PJ
  • Préfecture de Police
  • Racisme

Mars 2020, un fonctionnaire de la Direction Régionale de la Police Judiciaire de la Préfecture de Paris fait une embarassante découverte. Une casquette ornée d'une croix gammée trône dans le bureau d’un de ses collègues. À l'époque directeur du service, Christian Sainte est informé. Depuis, Sainte a été promu big boss de la Police Judiciaire nationale.

Interrogée par Au Poste, la Préfecture de police de Paris confirme une enquête IGPN, classée sans suite: « après enquête interne, il s'avérait que le couvre-chef figurant sur le cliché était en réalité une casquette d'officier allemand et non SS, rapportée par un agent collectionneur passionné d'histoire pour la montrer à un collègue, également passionné de reconstitutions historiques. » 

Entre-temps, en 2023, Matignon avait eu vent de l’affaire, et demandé à l’actuel Préfet de Police, Laurent Nuñez, que ses « services procèdent à un examen approprié ».

Aussi appelée M34, le Bergmütze fut portée par plusieurs forces armées germanophones. Le design provient de l'Empire austro-hongrois, mais son utilisation est généralisée par la Wehrmacht allemande et les Waffen-SS durant la Seconde Guerre mondiale. Au contraire des Bergmütze prisées par la Wehrmacht, la casquette photographiée dans le bureau de la DRPJ Paris est en réalité une réplique de la casquette originale utilisée par la Waffen-SS, comme l'atteste la présence des deux insignes des Schutzstaffel : l’aigle impérial du Troisième Reich (Parteiadler/Reichsadler) et l'insigne de la tête-de-mort (la totenkopf).

Outré, le fonctionnaire signale sa trouvaille à son supérieur. Depuis, nous assure-t-il, il fait face à une campagne contre lui. Il détaille : « Non seulement la chose est tolérée dans la police française mais elle est même encouragée... Les détenteurs et les complices sont promus ou mutés au choix dans l'endroit où ils veulent, pendant que celui qui dénonce, comme moi, subit un harcèlement».

Ce n'est pas tout: l’agent de police propriétaire du couvre-chef SS, décrit tel un « collectionneur passionné d'histoire », aurait eu la témérité de porter ladite casquette pour la montrer à un collègue « également passionné de reconstitutions historiques ». Et l’aurait laissée à la vue et au su de tous dans son bureau. Objet interdit dans l’espace public, le fonctionnaire estimait, probablement, que sa présence ne provoquerait pas de vagues au sein de la DRPJ.

De source préfectorale, on a appris toutefois qu'un « rappel verbal à la règle avait été fait aux deux fonctionnaires, après vérification de la réalité de leurs explications. » Selon nos informations, le propriétaire de la casquette était le chauffeur du directeur adjoint de la DRPJ-Paris et son collègue, mécanicien à la Préfecture de police.

Ce que la Préfecture se garde de préciser, c’est la nature de ce « rappel verbal à la règle ». Au Poste a joint Christian Sainte, le directeur de la DRPJ-Paris au moment des faits. Il confirme être à l’origine d'une enquête administrative dans laquelle « des explications étaient sollicitées auprès de l'intéressé et de ses collègues de travail ». Conclusion de la hiérarchie: la présence de la réplique de la casquette SS n'a pas « justifié de prise de sanction ». Tout au plus, l’actuel directeur national de la Police judiciaire confirme que les agents étaient informés que « la présence de cet effet vestimentaire est inacceptable dans un service de police ».

Selon les documents que nous avons consultés, il apparaît qu'il aurait été demandé au fonctionnaire ayant alerté sa hiérarchie de... cacher l’objet du délit — demande que l'intéressé a refusé. Toutefois, le lendemain, plus de casquette. Evanouie, la coquetterie nazie. Des photos attestent du nettoyage. Ainsi: plus de casquette, pas de sanctions, plus d'affaire.

Soleil (noir) d’Orléans

Autre ville, même ambiance. Lors du Festival de la Loire en septembre 2023, pour assurer la sécurité de l’événement bisannuel, des policiers municipaux sont déployés sur les quais de Loire à Orléans. Parmi eux, un des agents intrigue un visiteur qui tente de le photographier à distance. Le badaud pense avoir repéré un tatouage à connotation identitaire. Mais la manche du polo policier ne laisse entrevoir qu’une partie de l’insigne. Quelques jours plus tard, le même policier municipal, Pierre B.*, en civil cette fois, déambule dans les allées d’un autre évènement festif en arborant, de manière distinctive, ce même tatouage. Dès lors, plus de doute: il s’agit d’un « Soleil noir », une des productions graphiques les plus célèbres du nazisme, conçue par la SS. Le « Soleil noir » est aujourd'hui largement prisé par les néonazis, les suprémacistes blancs, mais aussi par des terroristes comme Brenton Tarrent (lire notre encadré).

La tête-de-mort des SS, la croix gammée, ainsi que le « Soleil noir » sont des insignes interdits dans l’espace public allemand. Dans le code pénal français, l’usage de ce type d'insignes est puni, sous le coup de l’article R645-1, qui sanctionne le port ou l'exhibition en public « d'un uniforme, d'un insigne ou d'un emblème rappelant les uniformes, les insignes ou les emblèmes qui ont été portés ou exhibés soit par les membres d'une organisation déclarée criminelle » condamnée par une juridiction française ou internationale pour un ou plusieurs crimes contre l'humanité.

La nostalgie qui habite certains membres des forces de police ne date pas d’aujourd’hui. Ces dernières années, on dénombre un blason de la 12e Panzerdivision sur un casque de CRS, des phrases comme "Vive le IIIe Reich" ; "Heil Hitler hihi", une grande photo en noir et blanc d'Adolf Hitler en compagnie de Hermann Goering, des Croix de Fer, un écusson de la BAC de Lorient avec un sous-marin du IIIe Reich comme logo, un Mein Kampf dans une école de police, et également des symboles utilisés par des suprémacistes blancs et néonazis tels que le Valknut le Vegvisir ou le dieu Thor.

Permissivité ou complaisance ?

Selon nos sources, le lundi 9 octobre 2023, Pierre B. est convoqué à Orléans par sa hiérarchie. Comme à Paris, pour la casquette nazie, il est urgent de minimiser l’affaire. Pierre B. s’explique devant la directrice de la Police municipale. « Il a répondu avoir deux types de tatouages : les premiers de caractère Viking, dont ce fameux tatouage, et les seconds liés à la marque Harley Davidson en sa qualité de motard », nous rapporte une source proche du dossier. « Il lui a été précisé que ce symbole avait été repris par le régime nazi et ne pouvait avoir sa place dans la police municipale d’Orléans. Il a répondu qu’il comprenait d’autant mieux que l’une des ses tantes était morte à Auschwitz. Il a annoncé faire retirer immédiatement ce tatouage pour montrer sa bonne foi ».

Or, problème: le symbole arboré n’a pas été pas « repris » par les Nazis, mais conçu par eux. Contactés, les services de presse de la mairie d'Orléans expliquent ne pas être au courant de ladite convocation, puis finissent par admettre que le policier devait être à nouveau convoqué. Et finalement : « la mairie d’Orléans a pu constater qu'il avait bien fait retirer le tatouage, objet du questionnement. Même s'il avait affirmé qu'il s'agissait d'une référence à la période viking et en aucun cas à une allusion au 3ème Reich ».Dans un cas (la casquette) comme dans l’autre (le tatouage), ces symboles sont catalogués comme « racistes, néo-nazis ou ultranationalistes » par la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) et la Ligue de Football professionnel.

Problème: sur le compte public Instagram de Pierre B. qu’Au Poste a pu consulter, les références à l'extrême droite sont multiples. Entre un fil où l'armement militaire occupe une place prépondérante, on lit plusieurs publications faisant référence au symbole raciste de la Thin Blue Line, ainsi qu'au Punisher et aux Spartiates, pour finir par une photo où il expose une Carabine 22LR et un livre de Laurent Obertone.

Dans le contexte actuel où les descentes et les ratonnades impliquant des néonazis choquent l'opinion publique, la présence du « Soleil noir » sur le coude d'un policier municipal et d’une casquette SS, au cœur de la Préfecture de Police de Paris, entachent salement la crédibilité de ces institutions. Et révèlent, à minima, et un grave manque de rigueur dans le processus de recrutement, et une coupable permissivité. Sans compter que leur présence au sein des polices (nationale, municipale) jette un trouble sur des institutions censées garantir l'égalité de traitement non discriminatoire pour toutes et tous. Est ici posée toute la question de la présence d'idéologies racistes et suprémacistes blanches au sein des forces de l’ordre.

*Les noms et prénoms ont été modifiés.

MISE A JOUR DU 22/03 - Suite à nos révélations, ça tangue à la ville d'Orléans , selon France Bleu et Le Parisien, qui ont repris nos informations. Le maire adjoint, Florent Montillot, laisse entendre que l'affaire serait close, et les débats "nauséabonds". Choquée, l'opposition dénonce, elle, « un manquement dans le management de la police municipale » et réclame des sanctions, appelant le procureur à se saisir de la situation.

Selon une enquête publiée par France 3 Val de Loire, et reprise par FranceInfo, ce 20 mars, les informations fournies par les services de presse de la mairie d’Orléans, Julien Berard, le 02 décembre 2023 Au Poste, indiquant que «que la mairie d’Orléans a pu s’assurer qu’il avait bien fait retirer le tatouage », étaient en réalité erronées. Le policier a simplement ajouté des runes autour dudit Soleil Noir. Or les nazis étaient les premiers à détourner les runes à des fins idéologiques meurtrières. Face à l'embarras et au signalement effectué par une coalition de l’opposition, la Procureure de la République a ouvert une enquête.

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