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Avec ceux qui luttent depuis 15 ans pour nos libertés : la Quadrature du Net

Avec ceux qui luttent depuis 15 ans pour nos libertés : la Quadrature du Net

Quinze années, comme une adolescence de beaux combats, de lutte acharnée, avec des victoires éclatantes, quelques défaites cinglantes, des burn-out --- qui sont les nôtres. Au départ, cinq gus dans un garage. Maintenant, une association qui compte, documente, déploie des argumentaires, attaque en justice. Avec Mathieu Labonde et Benoît Piédallu, co-auteurs de la première biographie de La Quadrature du Net, et Noémie Levain, on a soufflé bougies et liberté (en difficulté). Venez, ça parle de vous.

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Série
Invité(s)
Labonde Mathieu, Levain Noémie, Piédallu Benoît
Durée
Date
03/11/22
  • Assange Julian
  • Antiterrorisme
  • Constitution
  • Daesh
  • GAFAM
  • Loi Sécurité Globale
  • Pirates
  • RGPD
  • Saison 04
  • Snowden Edward
  • Technopolice
  • Swartz Aaron
  • La quadrature du Net
La défense d'Internet (2008-2014)

« L'idée du livre était de faire un manifeste politique, au départ », explique Benoît Piédallu. De politique, nous n'en sommes jamais loin avec l'association La Quadrature du Net, née en 2008 de « l'utopie d'horizontalité » qui suit la généralisation d'Internet au tournant des années 2000.

L'association s'est formée avec l'envie de transformer une « cause facile à défendre », la pratique libre d'Internet, en une « politisation réelle ». Le but: faire s'emparer, par le plus grand nombre, des sujets qui paraissent obscurs, mais aux conséquences concrètes. Les principes fondateurs reflètent l'état d'esprit qui régnait alors, entre militantisme joyeux, libre expérimentation et actions pirates. Internet et les technologies associées doivent participer de « l'émancipation du public » et sa prise en main collective de « nouvelles pratiques politiques » On trouve parmi les modes d'actions la création de contenu - vidéos, memes - pour « se moquer le plus méchamment possible des politiques qui n'y comprennent rien », mais aussi la « guérilla juridico-politique, soit le fait d'attaquer les lois directement en justice, même en n'ayant aucune chance de réussir ».

La Quadrature du Net alternera cependant des périodes plus ou moins compliquées, humainement comme financièrement, au gré de l'actualité politique. Les auteurs font œuvre de transparence et rappellent le principe d'indépendance de l'association, qui fonctionne grâce à des dons exclusivement sans contrepartie.

De l'obsession anti-terroriste à la surveillance des géants du Web (2014-2018)

À ses débuts, la Quadrature, association experte, avait l'oreille d'une classe politique qui se cherchait encore majoritairement sur des sujets qu'elle ne maîtrisait que très peu. David Dufresne rit en revoyant les images d'un Jacques Chirac demandant ce qu'est une souris... Les membres de la Quadrature dialoguaient alors avec des parlementaires de tout bord à propos de textes de loi en formation, et leur avis était pris en compte.

Un premier tournant s'opère en 2014, avec la montée de Daesh et de la menace terroriste sur le sol européen : la classe parlementaire se crispe, et les libertés prônées par l'association deviennent « inaudibles ». Le mantra « La sécurité est la première des libertés », qui circule au sein des droites depuis les années 1970, se généralise en 2015 avec ce contexte du tout-sécuritaire. Benoît Piédallu souligne le danger de cette idée toute faite.

David Dufresne complète : « Dans la Constitution de 1789, l'article 12, concernant l'instauration d'une force publique, est écrit par rapport au Roi, et à la police secrète du Roi : on doit être en sûreté par rapport à cela ». C'est donc, au mieux une « erreur de compréhension », plus vraisemblablement un grand retournement de cette notion auquel nous assistons. Les gouvernements, mieux armés en matière de numérique, se posent en ennemis des libertés d'Internet. C'est la « fin de l'innocence » : « On se rend compte que la défense politique d'une certaine conception du réseau fait des morts », relate Mathieu Labonde.

La Quadrature du Net s'inscrit dans une vaste communauté mondiale des activistes du net, qui s'engage dans le monde entier, y compris sur les théâtres de guerre. Benoît Piédallu cite le parcours tragique d'Aaron Swartz, jeune hackeur de génie ayant subi l'acharnement de la justice américaine pour avoir publié des documents universitaires, qui se suicidera à l'âge de 26 ans. Plus tard, Julian Assange et Edward Snowden subiront le même harcèlement d'État pour les mêmes raisons. Les révélations de Snowden constituent par ailleurs les premières preuves massives que les États et services de renseignement utilisent Internet à des fins de surveillance. Ces révélations enrichiront le travail du Parlement Européen sur le texte du RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données), ce qui n'empêchera pas que bien des GAFAM l'outrepassent allègrement.

La Technopolice

En France, les attentats du 13 novembre 2015 à Paris entraînent la mise en place de l'état d'urgence, qui comprend aussi des mesures sur le numérique, donnant à la police des pouvoirs considérables en la matière. L'association prend la parole à propos des excès rendus légaux par ce texte, mais un « silence assourdissant » s'en suit, dans un contexte de sidération politique. Une page wiki qu'ils tiendront documentera les garde-à-vues, les perquisitions non mandatées, les signalements parfois sur la base d'un simple nom à consonance arabe.

Le concept de « Technopolice » naît des premières avancées de la « Smart City », idée selon laquelle il est souhaitable de « piloter la ville, politiquement, à partir de la donnée ». Concrètement, les entreprises qui investissent dans ce créneau nous vendent la possibilité de détecter les accidents de la route dès qu'ils arrivent, de faire remonter l'information en temps réel lorsqu'une poubelle doit être vidée... tout cela au moyen d'un nombre incalculable de capteurs et de caméras de vidéo-surveillance. Ainsi, l'État se met en capacité de décider ce qui est acceptable ou non dans l'espace public, comme faire la manche, ou encore graffer les murs.

C'est ici que la « Smart City », idée qui a vécu, bascule dans la très actuelle « Technopolice ».

Le système entretient un cercle vicieux : plus de caméras implique plus de flux, ce qui requiert des outils toujours plus poussés et moins humains pour les traiter : reconnaissance faciale, intelligence artificielle et ainsi de suite. Au-delà du coût financier énorme - soit dit en passant, pour des résultats négligeables sur la criminalité - c'est une logique totalitaire qui s'installe. Par exemple, il devient très rapide de reconnaître et lister toutes les personnes participant à une manifestation.

Plus récemment, l'association mène la lutte contre la loi Sécurité Globale, en 2021, au-delà de l'article 24 agité comme un « chiffon rouge ». La sénatrice Éliane Assassi, reçue Au Poste lors des discussions parlementaires sur ce texte, - avertissait déjà de ce danger. À la suite de cet épisode, la Quadrature intente un « recours collectif » auprès de la CNIL (Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés), forte des mandats de 15 248 personnes. Ce triple recours vise les outils de surveillance policière mais aussi, directement, le ministre de l'Intérieur. Elle vise aussi les deux plus gros fichiers de données que l'État français possède, à savoir le fichier des titres électroniques sécurisés (TES), qui centralise les photos d'identité de tous les français, et le Traitement d'antécédents judiciaires  (TAG), qui regroupe les données de toutes les personnes ayant eu affaire à la justice. Noémie Levain, membre de la Quadrature et rédactrice de la plainte, rejoint ses deux camarades pour nous en parler.

C'est ici que nous rattrapons l'histoire d'une association extrêmement précieuse dans la défense de nos libertés. Les invités du jour appellent de leurs vœux à ce que leurs messages soient entendus, repris, diffusés, et surtout portés par le plus grand nombre pour pouvoir lutter, par exemple, contre les milliers de projets de Technopolice en préparation partout en France.

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